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La répression se poursuit en Syrie

par Yazid Alilat

En Syrie, c'est pratiquement la logique de la répression qui va présider très probablement aux destinées d'un pays rongé depuis le printemps dernier par une violente contestation du régime en place. Les décisions de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, mercredi dernier à Rabat, appelant le régime de Bachar al Assad à répondre positivement notamment au plan de paix arabe et la fin de la répression des manifestants, ne semblent pas avoir trouvé écho à Damas. Une position pour le moins «jusqu'au-boutiste» du président syrien, de plus en plus sourd aux appels au calme de la communauté internationale, arabe notamment. L'ultimatum donné par la Ligue arabe au régime syrien pour que cesse la violence contre les manifestants avait expiré hier samedi à minuit, avec un lourd bilan de morts et de blessés dans plusieurs villes du pays. Et jusqu'en fin de journée, il n'y a pas eu de réponse du régime aux dernières injonctions arabes. Seule nouveauté annoncée vendredi, la Ligue arabe a dit examiner les modifications à sa proposition d'envoyer à Damas une délégation de 500 observateurs pour s'assurer de la sécurité des populations civiles. Sinon, aucun élément nouveau n'a été enregistré sur le plan diplomatique. A Moscou, le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov, un des rares soutiens de Damas, a dit craindre une guerre civile dans le pays. «Bien sûr que si l'opposition a recours à de telles méthodes, cela conduira (...) à une véritable guerre civile», a lancé le chef de la diplomatie russe, interrogé sur les attaques des déserteurs de plus en plus audacieuses, en rejetant de nouveau toute ingérence étrangère en Syrie. La Russie a ainsi creusé davantage le fossé avec l'Europe et les Etats-Unis sur le dossier syrien. Les Etats-Unis ont contesté «l'évaluation erronée» de M. Lavrov, refusant de parler de guerre civile et rappelant la «campagne de répression (...) contre des manifestants innocents» menée par le régime. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a aussi insisté sur la responsabilité du régime dans les violences en répétant qu'il était «temps pour le président Assad de démissionner».

Pour autant, le régime ne semble pas soucieux de détails, et une nouvelle campagne de répression des manifestants a été enregistrée vendredi et samedi, selon des militants des droits de l'homme. Les troupes syriennes ont pris d'assaut samedi une localité du nord-ouest du pays, bombardée à l'artillerie lourde, à quelques heures de l'expiration de l'ultimatum de la Ligue arabe qui a appelé le régime de cesser la répression de la révolte populaire. Ces nouvelles violences surviennent au lendemain de la mort de 15 civils, dont deux enfants, tués par les forces de sécurité qui ont tiré pour disperser des manifestations appelant à la chute du régime dans plusieurs villes du pays vendredi, journée consacrée à la protestation contre les attaques des ambassades par les milices pro-régime. «Les soldats ont pénétré à Chezar, dans la région de Hama, après l'avoir bombardée à l'artillerie lourde. Ils ont ensuite procédé à une campagne de perquisitions», ont précisé les Comités locaux de coordination (LCC), un groupe chapeautant les contestataires.

Selon un nouveau bilan fourni par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), quinze civils ont péri dans la répression des manifestations vendredi. Un précédent bilan faisait état de 12 morts. Et samedi, six nouvelles personnes ont été tuées, portant à neuf le bilan des violences. Cinq civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité, dans plusieurs opérations à Homs (centre), Hama et Idleb (nord-ouest) et un autre par un tireur embusqué à Homs, a annoncé le président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. Par ailleurs, deux déserteurs sont morts dans des affrontements avec des soldats de l'armée régulière à Qousseir (centre).

Le bras de fer continue ainsi entre un régime de plus en plus isolé et les pays arabes qui ne veulent pas d'une internationalisation de la crise syrienne. La prochaine réunion de l'organisation de la conférence islamique sur la Syrie, convoquée en urgence, devrait également donner un autre aperçu de la volonté des pays arabes de résoudre, en ?'interne'', cette crise qui risque de déborder sur le Moyen-Orient.