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C'est aujourd'hui qu'expire l'ultimatum accordé par la Ligue arabe au régime syrien
pour cesser les violences contre les civils, sous peine de sanctions économiques.
Pourtant, hier encore, de nouvelles victimes ont été enregistrées à travers
plusieurs villes de la
Syrie. Sur le terrain, on fait état d'au moins onze morts
dont un enfant suite à des tirs de l'armée sur des manifestants. Parallèlement,
selon la télévision d'Etat, trois membres des forces de sécurité ont été tués
dans une attaque à la bombe à Hama, au moment où les risques de guerre civile
s'amplifient avec la multiplication des attaques de militaires dissidents. L'Agence
française de presse qui cite l'observatoire syrien des droits de l'homme «OSDH»
et les comités locaux de coordination «LCC» qui chapeautent les contestataires
indique que les manifestants ont défilé à la sortie des mosquées dans de
nombreuses villes, malgré un déploiement sécuritaire massif. Selon l'OSDH et les LCC, les troupes ont ouvert le feu pour
disperser les contestataires, faisant onze morts et une trentaine de blessés. Deux
manifestants ont été tués à Homs, trois personnes, dont un enfant, ont péri à Deraa, trois autres dans la région de Damas un autre à Hama...
Malgré les pressions croissantes de l'Occident et des Arabes, Assad bénéficie toujours des soutiens de ses alliés chinois
et russe, qui continuent de refuser toute ingérence étrangère en Syrie et de
favoriser le dialogue en dépit des violences qui ont fait plus de 3.500 morts
en huit mois selon l'ONU. La révolte qui s'exprime à travers des manifestations
est marquée depuis plus d'un mois par une intensification des opérations de
«l'Armée Libre de Syrie» (ASL), regroupant des soldats déserteurs qui ont mené
des attaques aux roquettes contre des centres des services secrets et du parti
au pouvoir. «Il y a un risque d'évolution vers la guerre civile», a dit le chef
de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu. Son
homologue français Alain Juppé a affirmé «qu'une guerre civile serait la
catastrophe» et a appelé l'opposition syrienne à éviter «le recours à
l'insurrection armée», après avoir jugé qu'il était désormais «trop tard» pour
le régime, faute d'avoir engagé les réformes démocratiques réclamées. La veille,
leur homologue russe Sergueï Lavrov avait accusé l'opposition syrienne de
pousser le pays à «une véritable guerre civile». Déjà en octobre, l'ONU avait
dit craindre qu'une «lutte armée» ne dégénère en guerre civile.
Mais les Etats-Unis ont refusé de parler de guerre civile en rappelant la «campagne de répression contre des manifestants innocents». Ils préconisent une accentuation des sanctions, comme la France et la Turquie. Face aux divergences entre les grandes puissances sur le dossier syrien, Paris, Berlin et Londres veulent présenter au Comité des droits de l'Homme de l'Assemblée générale de l'ONU une résolution condamnant les agissements du régime. Un vote devrait intervenir mardi. Le succès d'une telle démarche pourrait augmenter la pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie et la Chine restant opposées à toute action à l'ONU contre le régime Assad. Moscou refuse toute sanction contre le régime syrien, estimant que l'opposition est aussi responsable des violences. Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a d'ailleurs estimé jeudi que les «méthodes» des opposants risquaient de plonger la Syrie dans la «guerre civile». Hier, la Syrie a envoyé une lettre au chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, pour réclamer des modifications à une proposition d'envoyer à Damas une délégation de 500 observateurs, a annoncé l'organisme panarabe. La Ligue arabe a proposé l'envoi en Syrie de 500 membres d'organisations de défense des droits de l'Homme, de médias et d'observateurs militaires, pour s'assurer de la sécurité des populations civiles dans les zones en proie aux violences. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a envoyé jeudi une lettre à M. Arabi réclamant des amendements à cette proposition, indique la Ligue dans un communiqué. «Ces amendements sont en train d'être examinés», a dit le chef de l'organisation. |
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