Le président de l'Ordre national des médecins, Mohamed Bekkat Berkani a salué hier, l'accélération
de la mise en place de l'Agence nationale du médicament. Cet organe régulateur
a été créé par un décret présidentiel signé en juillet 2008, et doté d'un
directeur général mais n'a jamais fonctionné.
Un conseil interministériel, tenu jeudi dernier, a donné le feu vert pour
mettre cette structure sur les rails. Elle devrait entamer ses activités dans
les prochains jours. "Enfin, nous voyons le bout du tunnel ! Cette agence
fonctionnera d'une manière autonome vis-à-vis de l'administration. Nous n'avons
cessé de réclamer l'application du décret promulgué en 2008 qui a créé cette
structure pour réguler le marché, l'importation et la production des
médicaments", a affirmé Dr Berkani qui s'exprimait
sur la radio Chaîne3. Ce dernier a souhaité que "l'installation de cette
agence intervient le plus tôt possible". Le représentant des médecins
explique que le rôle de cette structure est de prendre des décisions
commerciales et assurer la pharmacovigilance. "Cette agence doit disposer
d'experts qui détermineront quels sont les médicaments nécessaires aux
pathologies existantes en Algérie". "Par le passé, déplore-t-il, la
gestion administrative des médicaments nous a malheureusement conduits à l'impasse
actuelle avec la récurrence des pénuries et des difficultés d'approvisionnement".
"L'agence devra déterminer les médicaments essentiels, commander par
anticipation, décider du rapport qualité/prix et disposer de toutes les marges
de manœuvre", plaide-t-il. Et de souligner qu'à la faveur de l'installation
de cette agence, la
Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) deviendra un organisme
assurant la logistique et la distribution. "Les fournisseurs souhaitent
toujours qu'ils soient avertis à l'avance pour qu'ils puissent livrer les
médicaments ou la matière première", explique-t-il. Et d'ajouter : "La PCH doit assurer le stockage
des produits à même d'alimenter les secteurs public et privé". L'Agence du
médicament est censée contribuer à l'amélioration de la disponibilité du
médicament. Elle a pour mission l'enregistrement, l'homologation des produits
pharmaceutiques et des dispositifs médicaux, la délivrance des visas pour l'importation
de médicaments, la détermination de leurs prix à la production et à l'importation.
Cet organisme se substituera à l'autorité de santé, à savoir la direction de la
pharmacie, dont la gestion sera autonome du ministère de la Santé. Cette agence a
pour mission de permettre une meilleure stabilité et visibilité du marché du
médicament en Algérie. Cette structure traquera aussi la contrefaçon des
médicaments et sera ouverte aux divers acteurs, à l'image des représentants des
producteurs et ceux des officines. Sur un autre volet, Dr Berkani
estime que le budget de la santé équivalent à 4% du PNB est "loin d'être
suffisant". "L'Algérie doit utiliser son argent dans l'achat des
médicaments qu'il faut acquérir au moindre coût en privilégiant le produit
générique", dit-il. "Il faut briser le cercle vicieux des lobbys exercés
sur les décideurs dans les hôpitaux et le personnel technique", dit-il. Pour
lui, la nouvelle agence permettra de contrecarrer toutes les pressions. "Je
ne parle pas de mafia du médicament ou de la surfacturation. Il appartient aux
autorités de déférer devant les tribunaux les personnes qui ont manqué aux
règles commerciales. Il faut mettre de l'ordre et de l'éthique dans la
distribution du médicament", plaide-t-il. Dr Berkani
réitère la revendication de l'Ordre des médecins ayant trait à la révision de
la loi sanitaire qui date de 1985. "Il faut adapter cette loi à la
nouvelle donne marquée notamment par l'émergence du secteur privé et il faut
redéfinir les grandes missions de l'Etat", souligne-t-il. Et de plaider
également en faveur de la révision du statut du médecin. Enfin, Dr Berkani évoque avec regret l'hémorragie qui affecte les
effectifs des médecins algériens en avançant un chiffre : "près de 6.000
médecins algériens sont installés en France", dit-il.