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Ali Bey Boudoukha, un des journalistes algériens
les plus discrets, mais les plus talentueux, est décédé hier mercredi matin à
Paris. Il est mort des suites de la complication d'un cancer du poumon dans un
hôpital parisien. Il est parti sur la «pointe des pieds», avec cette modestie
qu'on lui connaît. Selon un communiqué de la rédaction du portail économique
dont il est le co-fondateur, Maghrebemergent. info, «il luttait depuis le mois de juillet dernier contre
une rechute d'un cancer des poumons déclaré en 2009''. Egalement co-fondateur
de l'agence de presse Interface Médias en 2003 et de son journal en ligne www.maghrebemergent.info depuis 2009, il avait depuis le 22
octobre dernier 60 ans. Ali, qui avait travaillé notamment à la radio nationale,
était également le correspondant de RFI (Radio France International) en Algérie
depuis plusieurs années. «Ali Boudoukha a été un
grand homme de radio et un journaliste d'une densité exceptionnelle.
Une voix radiophonique remarquable et une plume d'une précision
redoutable», estime le même communiqué. A la fin d'un premier parcours haut en
couleurs dédié au service public de la radio (Chaîne 3), «Ali Boudoukha a écouté son exigence de liberté. Il a, depuis le
tournant d'octobre 88, travaillé en journaliste free lance», précise InterfaceMedia, qui relève que «il a, dans cet exercice
d'indépendance, choisi ses engagements professionnels». A l'hebdomadaire la Nation, il animait le
«digest» de la presse nationale en signant «BAB» cette rubrique qui
s'intitulait «Souk El Kalam», avant d'en assurer la rédaction en chef dans les
années 90, «au pire moment de l'histoire récente du pays. Une période où il a
fait le choix difficile de défendre la démocratie et les libertés pour tous et
sans exclusive», ajoute le communiqué. Ali Bey avait par ailleurs dirigé la
rédaction de Libre Algérie durant deux ans (1998-2000). En près de 40 années de
sa vie de journaliste, Ali Boudoukha n'a pas été
seulement un grand témoin de son époque, il en a été aussi un acteur, et, issu
d'une famille de moudjahidine, «Ali était à vif contre l'injustice». Dans son
autre vie, celle du syndicalisme, il a participé à tous les combats
démocratiques, et étant proche «du mouvement des droits humains en Algérie, il
a participé au projet de la maison des Libertés de feu M'hamed
Yazid (2002), puis à l'initiative (ICRC) contre la
révision de la
Constitution de 2008 ouvrant la voie à la présidence à vie», souligne
le texte de maghrebemergent.info. En fait, il ne
rechignait pas à défendre «les damnés de la terre», selon l'expression de ME, comme
les familles de disparus, victimes du terrorisme, licenciés du travail, victimes
de la répression, et les déclassés de tout type qui allaient voir Ali pour
essayer de se faire entendre dans un média. «Son dévouement pour la vérité, l'amenait
à toujours creuser un peu plus, à faire entendre toutes les voix dans un
conflit. A la rédaction de Maghrebemergent.info, parmi
les journalistes qui l'ont côtoyé, Ali laisse une balise monumentale. Celle
d'un homme rigoureux qui ne transigeait pas avec les dominants. Un journaliste
qui a intensément vécu de son libre talent», conclut le communiqué.