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Tension sur le chantier du transrhumel

par A. Mallem

A peine le travail a repris après les fêtes de l'Aïd-El-Adha, le bouillonnement et la colère au sein des travailleurs algériens sont revenus sur le chantier du transrhumel conduit par l'entreprise brésilienne Andrade Gutierrez (AG).

Le nouveau conflit qui vient d'éclater entre les travailleurs et leurs représentants syndicaux d'une part, et l'administration de cette entreprise d'autre part a été déclenché par une note du directeur du projet, dont nous détenons une copie, affichée le O3 novembre dernier, à la veille de l'Aïd, et «invitant l'ensemble du personnel à se réunir en assemblée générale pour procéder à l'élection de leurs délégués syndicaux», alors que «les travailleurs ont élu régulièrement leurs représentants au cours d'une assemblée générale organisée le 8 septembre dernier et supervisée par les responsables de l'Union territoriale de l'UGTA et que le procès-verbal de l'élection ( dont nous détenons une copie) à été adressé aux responsables de la société AG», soutiennent des travailleurs. «Par cet appel à l'organisation d'une nouvelle assemblée générale des travailleurs, l'administration veut manifestement créer une section syndicale parallèle pour diviser les travailleurs d'AG. Elle n'en a pas le droit car cette prérogative relève des instances syndicales locales», nous a déclaré hier le secrétaire général de la section syndicale M. Soualmia Samir en nous remettant des documents attestant de la régularité de l'élection de sa section syndicale le 8 septembre dernier, y compris les signatures de 12O travailleurs (sur les 23O composant l'effectif de l'entreprise) qui ont participé à cette élection.

Ce syndicaliste explique ensuite qu'il avait invité à quatre reprises, durant les mois de septembre et octobre derniers, l'administration à des rencontres pour discuter des problèmes des travailleurs, notamment la convention collective dont la finalisation est toujours d'actualité. Mais, en vain, a-t-il assuré en signalant que l'Inspection du travail a été informée de toutes les démarches entreprises pour renouer le dialogue avec le partenaire social, «mais, assure-t-il, la direction d'AG a tourné le dos à toutes nos sollicitations, comme si elle ne reconnaît pas notre section syndicale en produisant cette fameuse note du 3 novembre. Cette attitude négative a abouti aujourd'hui à l'instauration d'un climat pourri au sein de l'entreprise. Les travailleurs ont exprimé dernièrement leur impatience à propos des retards dans le règlement de certaines primes et indemnités (panier, transport, nuisance et heures supplémentaires) que l'administration continue à ignorer et menacent d'utiliser tous les voies autorisées par la réglementation algérienne du travail pour les recouvrer, et ce en organisant un sit-in de protestation, des marches et éventuellement un mouvement de grève».

Interrogé hier, le responsable de l'Union territoriale ouest de l'UGTA chargé des conflits sociaux, Hadj Bilami Hamza, a confirmé la version des faits donnée par le responsable de la section syndicale. « L'assemblée générale à laquelle a appelé l'administration n'aura pas lieu car tous les travailleurs de l'entreprise sont résolus à ne pas répondre à cet appel, a-t-il garanti. Et comme les responsables de l'entreprise ne veulent pas, non plus, nous écouter pour tenter d'apaiser la tension qui règne sur le chantier, le conflit va inéluctablement déboucher sur une situation dangereuse que nous ne souhaitons pas». Enfin, nous avons tenté hier de joindre le directeur de l'entreprise brésilienne pour connaître sa réponse, mais la préposée au secrétariat a répondu qu'il était absent de son bureau.

Nous nous sommes alors adressés au chef du personnel d'AG mais ce dernier a répondu qu'il n'était pas habilité à parler au nom de l'entreprise?