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L'espagnol FCC est peut-être devenu un boulet pour l'ETRHB

par Brahim Baahmed

L'entreprise espagnole FCC construction qui s'est constituée en partenariat avec l'algérien ETRHB dans de nombreux projets a essuyé deux échecs consécutifs dans l'octroi de deux projets importants, la Grande Mosquée d'Alger et la future cité financière de la capitale.

Les rumeurs de risques d'insolvabilité en Espagne pèsent sur ses offres. Et entraînent ses partenaires dans l'échec. ETRHB des frères Haddad ne dit encore rien au sujet de son choix de partenaire étranger.

Les deux derniers échecs de FCC, le géant espagnol du BTP, ont fait tache à Alger. Le premier contrat perdu dépasse le milliard de dollars. Il s'agit de la construction de la Grande Mosquée d'Alger. Tandis que le second, la cité financière dans le quartier Belhaffaf à Belouizdad, au cœur de la capitale, rapportera plus de 100 millions d'euros au soumissionnaire qui sera retenu. FCC est déjà hors course dans ce second cas. «Pour une interprétation litigieuse du code des marchés publics rapportée dans le cahier des charges» selon une source présente à l'ouverture des plis dans une agence CNEP de Baba Hassan. Dans cette course effrénée entre des entreprises et des groupements de diverses nationalités, les partenaires algériens de FCC paraissent un peu piégés. En effet, ce serait, rapportent des sources proches de l'ANGMA, l'agence en charge de la Mosquée d'Alger, le risque d'insolvabilité de FCC en Espagne qui expliquerait les revers du groupe ibérique après une série de succès en 2009 et 2010 en Algérie. Ce risque de banqueroute dû à la dépréciation des actifs immobiliers en Espagne, aurait conduit au choix de l'offre du group public chinois CSCEC, en dépit du fait que le consortium conduit par FCC comportait deux entreprises algériennes, Cosider et l'ETRHB et proposait une offre très concurrentielle.

FCC-ETRHB, UN PARTENARIAT DEVENU STRATEGIQUE

L'engagement, en particulier, de l'ETRHB avec FCC a toutes les allures d'un pacte stratégique. Le groupement ETRHB-FCC espagnol travaille sur trois projets. Le premier concerne la réalisation de la ligne ferroviaire Relizane-Tiaret-Tissemsilt sur 185 kilomètres qui avait été attribué au groupe chinois CRG Ltd avant qu'il ne lui soit retiré et confié à ETRHB Haddad-FCC Construction. Le montant de ce projet est de 1,2 milliard de dollars. Un autre projet dont le groupement ETRHB et FCC a obtenu la réalisation est celui de réalisation d'une ligne ferroviaire reliant Tlemcen au poste frontière avec le Maroc, de Akid Abbas. Un contrat d'un montant de 1,23 milliard d'euros qui comprend la réalisation d'une ligne de 66 km et l'implantation de 34 viaducs ainsi que la réalisation de 9 tunnels. Durée de réalisation quatre ans. Le dernier grand projet attribué au ticket FCC-ETRHB, est le nouveau stade de Tizi Ouzou d'un montant global de 32 milliards de dinars, un chantier vitrine de la coopération entre les deux groupes.

«NOUS AVONS INTRODUIT UN RECOURS, ET NOUS ATTENDONS»

Que valent dans un tel contexte ces rumeurs d'insolvabilité de FCC en Espagne? «La situation est suffisamment sérieuse pour se poser des questions» répond un expert financier. Dans le même temps, les marchés remportés en Algérie pourraient seuls suffire à garantir la liquidité de la trésorerie de FCC pour conduire de nouveaux projets. Le groupe ETRHB des frères Haddad doit sans doute réévaluer son choix de partenaire stratégique. Si FCC est «blacklisté» dans les appels d'offres en Algérie pour une durée indéterminée, il y a matière à revoir le plan de partenariat technologique. Selon une source proche du groupe ETRHB Haddad, «l'heure n'est pas à la remise en cause» des commissions nationales d'attribution de ces projets gigantesques. La grande frustration est pourtant très palpable au sein du groupe. «Nous ne sommes pas un parti politique, nous sommes une société de travaux routiers et bâtiment, etc. Nous avons introduit un recours auprès de la commission chargée de ce chapitre. Nous attendons les résultats !», affirme un cadre de ETRHB qui a requis l'anonymat. Du côté espagnol c'est le silence radio. Il est vrai que la commission nationale des marchés publics étudie encore le recours sur l'attribution aux Chinois de CSCEC de la réalisation de la Grande Mosquée d'Alger.