Deux semaines
après la mort de Kadhafi, les circonstances de sa localisation à Syrte sont
peut-être un peu moins obscures qu'au premier jour. Selon la presse
internationale, le 4x4 dans lequel il se trouvait aurait été la cible d'une
frappe vraisemblablement tirée d'un drone de type Predator.
Comment les radars de l'Otan ont-ils pu le repérer ? La réponse renvoie
vraisemblablement aux performances américaines enregistrées dans les domaines
des télécommunications. En particulier dans la reconnaissance des locuteurs via
un réseau téléphonique. Kadhafi avait son téléphone satellitaire Thuraya sur lui au moment de son arrestation. Il avait même
reçu une dernière communication de la part d'une femme en Syrie. Pensant
déjouer la surveillance sur sa personne, le leader libyen utilisait, sans doute,
ce téléphone, sous une identité d'emprunt. Erreur.
Les éléments de la NSA, filiale technologique de la CIA, peuvent parfaitement
intercepter et écouter une conversation téléphonique émise depuis un terminal radiomobile (GSM, Thuraya et
autres). Mais plus encore, la voix du locuteur peut être identifiée grâce aux
techniques softwares de reconnaissance de la parole et des locuteurs, implémentées
à partir d'algorithmes mathématiques. La
NSA a fait de la veille durant des semaines. A la recherche
d'un profil de diaphragme vocal connu. Celui de Kadhafi. Ce dernier n'a pas
imaginé que sa voix serait identifiée parmi des dizaines de milliers d'autres à
partir d'une base de données vocales enregistrées et fournies par l'opérateur dont
le siège est basé aux Emirats arabes unis. Le numéro d'identification du
terminal est alors connu et toutes les communications de Kadhafi passent sous
le contrôle de la NSA. Ses
appels téléphoniques deviennent des pointages de présence GPS. Il ne manque
donc plus que l'ordre d'envoyer le drone pour suivre le leader lorsqu'il décide
de bouger. La suite est contenue dans un article du «Canard enchaîné» : un
colonel du Pentagone téléphone à l'un de ses correspondants au sein du service
secret français. Chargé du dossier «Kadhafi» : le chef libyen est pris au piège
dans un quartier de Syrte et il est désormais impossible de le «manquer». C'est
donc bien un renseignement technologique et non humain qui est à l'origine de
cette élimination physique. Ironie du destin, le fils ainé
de Kadhafi était membre du conseil d'administration de Thuraya,
le réseau téléphonique le plus répandu dans la région. Il aurait mieux fait
d'investir dans les technologies de piratage des drones.