![]() ![]() ![]() Adhésion à l'Unesco: Une victoire diplomatique pour les Palestiniens
par Fabrice Randoux De L'afp ![]() Les Palestiniens ont enregistré, hier lundi à Paris, une victoire
diplomatique aussi symbolique que significative sur la voie de la
reconnaissance de leur Etat, en obtenant le statut de membre à part entière de
l'Unesco, l'une des principales agences de l'ONU. Israël a immédiatement
dénoncé «une manoeuvre palestinienne unilatérale qui ne changera rien sur le
terrain mais éloigne davantage la possibilité d'un accord de paix». Les
Palestiniens ont obtenu un vote clair de la Conférence générale de
l'Unesco, qui réunit tous les Etats-membres : 107 voix pour, 52 abstentions et 14
voix contre. «La Conférence
générale décide de l'admission de la Palestine comme membre de l'Unesco», dit le texte
de la résolution. «C'est vraiment un moment historique qui rend à la Palestine certains de
ses droits. La Palestine
est le berceau des religions et des civilisations», s'est félicité devant les
Etats-membres, le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne,
Riyad al-Malki. «L'entrée de la Palestine porte le
nombre d'Etats- membres de l'Unesco à 195", a dit l'organisation dans un
communiqué. Elle s'ajoute à celle du Soudan du Sud, votée vendredi dernier. La
quasi-totalité des pays arabes, africains et latino-américains se sont
prononcés pour l'adhésion, de même que la France qui avait pourtant émis de sérieuses
réserves ces derniers jours sur la démarche palestinienne. Car beaucoup
d'Occidentaux estimaient que la candidature à l'Unesco ne pouvait précéder
l'aboutissement de la démarche entreprise par les Palestiniens auprès de l'ONU
à New York. Le président palestinien Mahmoud Abbas avait solennellement demandé,
le 23 septembre à l'ONU, de reconnaître l'Etat palestinien. Cette demande doit
être examinée le 11 novembre par le Conseil de sécurité, où elle pourrait être
frappée d'un veto américain. «Nous pensons que c'est contreproductif. C'est une
mesure prématurée», a répété hier lundi, devant la Conférence générale de
l'Unesco, la sous-secrétaire américaine à l'Education,
Martha Kanter. Les Etats-Unis,
l'Allemagne et le Canada ont voté contre, tandis que parmi les Européens, l'Italie
et le Royaume-Uni se sont abstenus. La France, de son côté, a justifié son vote positif.
«Aujourd'hui, la question qui était posée était de savoir si la communauté
internationale répondait, oui ou non, à la demande d'adhésion de la Palestine à l'Unesco», a
expliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. «A partir du moment où elle l'est, il nous faut
prendre nos responsabilités et répondre sur le fond. Et sur le fond, la France dit oui», a-t-il
précisé. Cette admission embarrasse particulièrement les Américains, qu'elle
place dans une position délicate vis-à-vis de l'Unesco. La pleine adhésion des
Palestiniens, qui bénéficiaient jusqu'à présent du statut d'observateur, devrait
provoquer l'arrêt de leur contribution financière à l'organisation, soit 70
millions de dollars et 22% de son budget. Après l'avoir boycottée pendant 20 ans (1984-2003)
pour protester contre sa mauvaise gestion et son idéologie tiers-mondiste, les
Etats-Unis participent désormais activement aux programmes de l'agence, y
voyant un moyen de diffuser certaines valeurs occidentales sans se mettre en
première ligne. Les diplomates de l'Unesco insistent notamment sur l'importance,
à leurs yeux, des programmes en faveur des femmes et des filles dans certains
pays. Les Américains sont tenus par deux lois votées au début des années 1990
par le Congrès, qui interdisent le financement d'une agence spécialisée des
Nations unies qui accepterait les Palestiniens en tant qu'Etat membre à part
entière. «La décision d'aujourd'hui va compliquer notre capacité à soutenir les
programmes de l'Unesco», a confirmé l'ambassadeur américain auprès de l'Unesco,
David Killion, tout en réaffirmant sa confiance dans
l'agence onusienne. Pour l'Unesco, les conséquences financières seront
considérables.
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