Comme prévu, les avocats ont repris hier le travail après trois jours de
boycott des prétoires, du 25 au 27 octobre, dans le cadre d'une action de
protestation, à laquelle avait appelé l'Union nationale des barreaux d'Algérie (UNBA),
contre certaines dispositions du projet de loi organisant la profession
d'avocat. La rupture de la «grève» a été observée par les avocats de l'ensemble
des barreaux du pays, au nombre de quinze. Le fonctionnement des cours et des
tribunaux a repris son cours normal après un court mais néanmois
conséquent passage à vide, marqué par une déprogrammation quasi systématique
des audiences et des autres actes de procédure telles que les auditions devant
le parquet et l'instruction où la présence d'avocat est indispensable sous
peine de nullité. L'émission, même si elle s'est faite de façon très implicite
et via des canaux non officiels, par le ministère de la Justice de signaux
positifs quant à la prise en charge des revendications - du moins celles
reposant sur une large base consensuelle - a eu des échos favorables dans les
rangs des robes noires, qui sont revenues à de meilleurs sentiments, ceci alors
que les délégués des quinze ordres territoriaux composant l'UNBA
poursuivaient, jusque tard dans la nuit du vendredi au samedi, leur réunion à
l'hôtel Mazafran (Alger), afin de rédiger une
plateforme de revendications commune s'articulant autour du statut d'avocat
pour la soumettre au cabinet de Tayeb Belaïz, en vue d'une révision de la mouture de ce texte via
la commission des affaires juridiques de l'APN. Selon
nos sources, les représentants des barreaux n'ont pas pu - chose évidente du
reste quant on sait que ce code est composé de quelques 200 articles - balayer
tout le texte de loi, et, de ce fait, ils se sont mis d'accord sur la formule
de rencontres cycliques pour mener à bout leur mission. Ceci se fera, sans nul
doute, sur fond d'un processus de pouparlers qui ne
dit pas son nom entre les robes noires et la chancellerie, qui a été déjà
déclenché, avec comme objectif trouver uns solution à même de désamorcer la
crise et dissiper le malaise diffus dans le milieu de la défense, alors que le
point relatif à l'assistance judiciaire figure désormais sur la rubrique des
acquis. En effet, il ne reste que quelques formalités (la promulgation et la
publication sur le J.O.) pour que le nouveau tarif de l'assistance judiciaire
entre en vigueur, via le décret exécutif fixant les conditions et modalités des
honoraires de l'avocat désigné au titre de l'assistance judiciaire, signé
dernièrement par le Premier ministre sur rapport du ministre de la Justice, garde des Sceaux.
Ce texte précise en préambule que l'avocat désigné au titre de l'assistance
judiciaire perçoit des honoraires selon la nature du
litige et la juridiction compétente. Les honoraires sont portés au double
lorsque l'avocat se déplace sur une distance égale ou supérieure à 300 km du ressort de la
juridiction compétente, mais ils sont, en revanche, réduits de 30% lorsqu'il
s'agit d'une série d'affaires traitant de questions similaires (les affaires
traitant des mêmes faits, prétentions et demandes). L'article 6 précise que la
liste des avocats commis d'office est établie par l'ordre régional des avocats
et communiquée périodiquement, pour visa, au parquet général ou au commissariat
d'Etat territorialement compétent. L'article 8 indique que le paiement des
honoraires dus à l'avocat est effectué par l'ordonnateur de la juridiction
concernée. L'article 10 rappelle que ces frais sont imputés sur le budget de
fonctionnement du ministère de la
Justice.
Voici, à titre indicatif, quelques exemples des montants des honoraires
attribués au titre de l'assistance judiciaire. Lorsqu'il s'agit du tribunal, ces
honoraires se situent dans une fourchette de 10.000 à 6.000 DA, selon la nature
du conflit. Ils sont fixés à 14.000 DA quand il s'agit du tribunal administratif.
Lorsque l'avocat commis d'office est sollicité pour une affaire qui passe
devant la cour, ses dus se situeront entre 10.000 à 14.000 DA. Enfin le tarif
s'élève jusqu'à 25.000 DA dans le cas d'une affaire devant le tribunal criminel,
la Cour suprême,
le Conseil d'Etat ou le Tribunal des conflits.