Après l'éthique
médicale, c'est le thème du «Don d'organes, don de vie» qui a été soumis à
débat cette fois-ci par la
faculté de médecine dans le cadre d'un colloque international
qui s'est tenu le samedi dernier au sein de l'auditorium du centre-ville. Dans
son allocution, le Pr. Kaouel Meguenni, président du comité scientifique de la faculté, dira que la société, à travers ses mentalités, est la pierre d'achoppement
devant le processus du don d'organes. Alors que le Dr. Mustapha Benmansour, président
du colloque, mettra l'accent sur la nécessité, voire l'urgence d'instaurer une
culture (de l'acte) du don d'organes dans notre société. En termes statistiques,
22 transplantations de rein ont été réalisées depuis 3 ans et 12 en 2011, selon
ce néphrologue. Le ton sera donné par le Dr Mohamed Cherif Qaher, membre du HCI
(Alger), qui explicitera «La
position de la religion par rapport au don d'organes» avec comme
argumentaire une série de versets coraniques et de hadiths (Là où s'impose la nécessité se
manifeste la loi de
Dieu ; Celui qui sauve une vie, c'est comme s'il a sauvé toute l'humanité ; Le
meilleur des gens est celui qui leur est le plus utile à ces gens-là?). L'orateur
fera observer dans ce sillage qu'il y a deux sciences (complémentaires) : ilm
al adyane (religion) et ilm al abdane (médecine). Le Pr. Sadek Beloucif, chef
de service d'anesthésie réanimation au CHU Avicenne de Bobigny (France)
parlera des «Religions et (la) mort encéphalique (ME)». Il existe trois notions
de mort : clinique, biologique et ontologique. A qui appartient le corps ? A la personne elle-même,
à sa famille, à la société
?, posera-t-il comme problématique. Et de passer en
revue les «avis» des différentes religions (islam, catholicisme, orthodoxie, bouddhisme,
judaïsme?). Il considère que «les arguments neurophysiologiques de la définition de la mort encéphalique
(ou cérébrale) ne peuvent effacer les considérations philosophiques, psychologiques
et sociales liées à l'essence de ce qu'est une personne». Le Pr. Beloucif, qui
est par ailleurs président du conseil d'orientation de l'agence biomédecine de
France, estime à ce titre que «la médecine moderne pourrait modifier le rituel
d'accompagnement d'un être cher, la technique médicale
risquerait de bouleverser l'attention portée au culte?». Dans le même sillage, le
Pr. Fawaz Salah, professeur assistant au département de droit privé à la faculté de droit de
l'université de Damas (Syrie), abordera «Les aspects juridiques et religieux du
don d'organes». D'emblée, il énoncera les trois principes cardinaux devant
présider à un don d'organes, à savoir le consentement (éclairé ou présumé), la gratuité et le critère
de la mort (ME).
Sa communication s'articulera autour de quatre questions : Qui a le droit de
faire don d'organe ? Sous quelle forme se fera le consentement ? Sur quel
critère de mort se baser en cas de prélèvement sur cadavre ? Dans ce contexte, il
est enregistré en Syrie 3000 victimes des accidents de la route par an, selon
l'intervenant qui cite l'exemple de l'Iran où il n'y a pas de liste d'attente
en matière de don d'organes grâce à l'octroi d'une récompense offerte
«discrètement» par une association. Dans sa communication intitulée «Ethique de
dons d'organes et sociétés», le Pr. Ghawty Hadj Eddine Sari Ali de
l'observatoire citoyen afro-méditerranéen (OCA) évoquera le nouvel esprit
scientifique et ses rapports à la
vision de l'être humain en soulignant que la médecine arabe se
distinguait par son caractère holistique, appréhendant (traitant) l'homme dans
sa globalité (corps et âme). Faut-il craindre une «réification» (chosification)
de ce dernier ?, se demandera-t-il. Du bien, on est
passé (par glissement de sens) au bien-être.
Autrement dit, de
l'éthique d'une morale universelle à l'éthique d'une morale «individualiste», utilitariste,
selon ce militant des droits humains qui estime que l'homme subit aujourd'hui
une perversion, une mutation mentale générée par une sorte de consumérisme (mode
de consommation), corollaire du capitalisme. A ce titre, et face aux dérives
mercantiles liées au don d'organes, l'altruisme peut servir de «moteur» social.
Quant à notre confrère d'El Khabar (Alger) M. Zahreddine Smati, il parlera du
«Rôle des médias» quant à la sensibilisation au don d'organes (sans
utilisation du data show). Au lieu de procéder à une enquête sur le terrain, un
sondage sur l'implication des médias dans l'information et la sensibilisation
sanitaires (Internet, Sms, presse écrite, télévision, radio?),
il nous balancera des chiffres «hospitaliers» en rapport avec le don de rein (90%
de refus en Algérie ; 70% en Tunisie ; 30% en France ; 7 000 dialysés en
Algérie ; 100 reins greffés par an ; besoin de 500 reins par an ; augmentation
de 3 000 à
7 000 reins en 10 ans ; 20% de donneurs communautaires?)? A noter la participation comme
modérateurs du Dr. Abdelhamid Aberkane, ancien ministre de la Santé et Mgr. Teissier, ex-archevêque
d'Alger ainsi que l'absence du Dr. Abdellah Bouchenak Khelladi, secrétaire
général du ministère de la Santé,
de la Population et
de la Réforme
hospitalière.