Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Signes

par El-Guellil

C'est plus possible, c'est pas de notre faute si on est postés ici, c'est pour votre bien et notre boulot, amala ya les autos ! Faut pas pousser, faut pas être pressés, y a des gens qui travaillent ; ils ne peuvent pas faire autrement, les vaillants ouvriers. Ils vous préservent la vie, ils vous matérialisent la chaussée : passage piétons par-ci, ligne continue par-là, voilà ! C'est ça le boulot, et puis c'est pas facile. Conjuguez votre impatience, automobilistes pressés que vous êtes, avec la nonchalante curiosité du piéton flâneur et la patience et le calme olympien des traceurs de lignes, et vous aurez un bon bouchon de quelques milliers de décibels de klaxons et SVP, tout cela, sans tenir compte du manque de visibilité, durant les jours sombres et couverts, parce qu'autrement ils traceraient leurs lignes la nuit. Ça serait plus pratique, et pour cause ! Y aura ni automobilistes, ni flâneurs; les lignes auront alors plus de temps pour sécher et les ouvriers encore d'avantage de temps qui ne leur permettra plus de «sécher» leur travail. Ça, ils le savent, les vaillants ouvriers, mais malheureusement, c'est pas possible. Tracer des traits blancs sur une chaussée noire, la nuit, vous vous imaginez ! Ils ne sont pas des tagueurs, les ouvriers. C'est une affaire de précision. Les traits sur la chaussée, c'est pas des nouilles. C'est une question de jour, pas de nuit. Il y a va de l'interprétation des signes. Le passage piétons par exemple, c'est pas comme la ligne continue, il est discontinu comme le jour et la nuit. C'est grâce aux lignes continues que la vie continue. Faut donc de temps à autre les revoir. Comme la Constitution.