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«Tout n'est pas politique, mais la politique s'intéresse à tout.»(Machiavel)
C'est une histoire belge, une vraie : conquérir le monde par des «histoires» racontées aux enfants et le jeu des lumières. Vendredi dernier, Bruxelles accueillait le lancement de l'avant-première mondiale du film «Tintin et le secret de la licorne», réalisé par le talentueux Steven Spielberg. Le réalisateur américain a utilisé les dernières techniques de l'informatique pour traduire en images de synthèse le jeu de vrais acteurs afin d'être le plus fidèle possible à l'album de bande dessinée «Le secret de la Licorne» du dessinateur belge Hergé. Spielberg a invité acteurs, ingénieurs et autres vedettes européennes et américaines au lancement de son film. Une partie du centre-ville de Bruxelles a été fermée à la circulation auto entre midi et 16 heures, tant l'événement prenait les allures d'une fête nationale. Plus même, puisque la fête à Bruxelles était couplée à une autre qui se déroulait à Paris pour célébrer «Tintin». Les cameras de télés, présentes en nombre, assuraient une couverture de dimension internationale. Sur les plateaux de télés, les journalistes commentaient «l'événement» et rappelaient que les albums de «Tintin» sont traduits en près de? 100 langues. Jusqu'au japonais, chinois, finnois et persan. Plus de 150 millions d'albums de Tintin vendus de par le monde ! Comment, diable, les Belges ont-ils fait pour promouvoir l'image de leur pays à ce niveau par des albums de bande dessinée destinés aux enfants ? Par des Mickey ou «Miki» comme il se dit chez nous ? Ainsi, les «Mickey » sont une chose aussi sérieuse, sinon plus que certaines missions économiques au sein des ambassades ou les foires commerciales de beaucoup de pays. Je n'étais pas remis de «l'événement» qui secouait Bruxelles, quand les journaux télévisés belges annonçaient le soir même de ce vendredi le faramineux contrat que venait de décrocher en Chine un autre Belge, Franco Dragone, d'un montant de 1,5 milliard de dollars pour construire 5 théâtres et monter un spectacle de sons et lumières. Un milliard cinq cents millions de dollars pour le théâtre et le spectacle ! Franco Dragone est un metteur en scène et homme d'affaires, patron d'une société de spectacles et d'événements, implantée dans une petite ville belge : La Louvière. Par quel miracle Franco Dragone, fils d'un immigré italien, a-t-il pu réussir à conquérir la lointaine Chine, un pays de près de? 1,5 milliard de Chinois, justement ? Vendre des histoires d'enfants, du rêve et du spectacle à travers le monde en ces temps de crise financière internationale n'est pas courant. Et pourtant. Il doit bien y avoir un secret. En regardant de plus près on découvre des évidences en apparence si simples : un amour et une conviction profonde des artistes belges dans leur travail de création. Ensuite, l'intérêt et l'importance accordés par les pouvoirs politiques au travail et à la mission des artistes. Au lancement de l'avant-première mondiale de «Tintin et le secret de la licorne», une pléiade d'hommes politiques et responsables publics étaient présents. Quant à Franco Dragone, il a décroché le fameux contrat alors qu'il accompagnait le couple princier «Philippe et Mathilde» en mission économique en Chine. La Belgique, un pays de 11 millions d'habitants, l'équivalent d'une commune chinoise s'impose dans le pays le plus peuplé au monde. Steven Spielberg l'un, sinon le réalisateur le plus en vue dans le monde a lu «Tintin», en a fait un film d'avant-garde sur le plan cinématographique et a remercié les Belges. Tout dans ces deux «événements» sort de l'ordinaire : la nature des produits vendus, la conjoncture économique internationale et, bien sûr, la crise politique belge qui dure depuis juin 2010. Ainsi, l'art et la culture peuvent sauver la face d'un pays dans ses moments les plus difficiles. Et si vous dites à un Belge que son pays est «Bled Mickey», il rira jusqu'aux oreilles et vous invite à prendre un verre. Puis, il vous racontera des histoires belges pour vous faire rire à votre tour. Comme quoi on peut vivre, faire de la haute politique et conquérir des parts sur le marché mondial en vous racontant des blagues. |
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