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Un fonds souverain
abritant des sous-fonds ouverts au privé et aux fonds
étrangers, pour développer l'investissement en Tunisie. Le fonds d'investissement
«Ajyal» est au cœur du Plan de développement
économique et social 2012-2016 ? ou «Plan Jasmin» ? élaboré par le gouvernement
de transition tunisien.
« L'Etat et le secteur privé vont promouvoir et développer ensemble des investissements professionnels et durables», a expliqué Jalloul Ayed, ministre des finances, lors de la présentation du projet, les 12 et 13 octobre dans la banlieue nord de Tunis. Doté d'un apport financier initial d'environ 2,5 milliards de dinars (1,3 milliard d'euros), le fonds Ajyal devrait lever des fonds propres à hauteur de 5 milliards de dinars (2,5 milliards d'euros) au cours des deux ans qui suivront sa création. Selon le ministre des Finances, des investissements d'environ 35 milliards de dinars (17,7 milliards d'euros) pourraient être générés au cours des cinq prochaines années, grâce à la combinaison des effets de levier et des effets multiplicateurs. A la clé: la création d'un million d'emplois, directs et indirects. Le fonds «n'investira que dans des projets qui répondent aux critères d'investissement d'investisseurs privés», précise Safia Hachicha, expert-adjoint auprès du ministre des Finances. Principal sponsor du Fonds, l'Etat devrait jouer un rôle primordial dans sa gouvernance, afin d'assurer «la transparence et l'efficience», mais laisser aux investisseurs privés «la latitude nécessaire» pour mener à bien les projets. Pour chacun d'eux, une stratégie sera d'ailleurs prédéfinie pour céder les participations publiques à des promoteurs privés. Au sein du fonds Ajyal, un sous-fonds de capital-investissement - prise de participation au capital des entreprises - doit voir le jour. Des fonds sectoriels seront aussi créés afin de dynamiser l'investissement dans des domaines stratégiques de l'économie tunisienne. L'infrastructure, l'agriculture, le tourisme, la distribution ou encore l'immobilier sont pressentis comme les heureux élus. «CHERCHER LES INVESTISSEURS ETRANGERS» «Avant de lancer un sous-fonds sectoriel, il faudra avoir une vision claire pour le secteur, souligne Jalloul Ayed. L'écueil serait de s'engager dans des projets, puis de s'apercevoir que la stratégie a changé». D'où la nécessité de mobiliser, à la tête de chaque sous-fonds, des équipes de gestion compétentes, capables d'identifier les opportunités d'investissement les plus pertinentes. Des talents qui pourraient venir de l'étranger, les Tunisiens ayant peu d'expérience dans ce domaine. Des contacts commencent à se nouer entre le ministère des Finances et de potentiels investisseurs partenaires. «Des intérêts se sont manifestés, mais il est prématuré de dire qui va investir, et dans quoi», indique Safia Hachicha, qui fait remarquer que les sous-fonds seront ouverts aux investisseurs tunisiens comme étrangers. «Notre économie est basée sur la demande extérieure, a souligné Jalloul Ayed. Il faut aller chercher les investissements étrangers». Des institutions financières internationales pourraient investir dans le cadre du fonds Ajyal. La Banque africaine de développement (BAD), la Société financière internationale (IFC), une institution de la banque mondiale, et la Banque européenne d'investissement (BEI) étaient notamment représentées lors de la conférence des 12 et 13 octobre. UN OUTIL POUR RENFORCER LA PRESENCE TUNISIENNE EN LIBYE Jalloul Ayed a aussi mis l'accent sur l'enjeu que représentent les projets d'investissement à l'étranger. «Le fonds va accompagner les entreprises tunisiennes au-delà des frontières», explique Safia Hachicha, en précisant que «les pays voisins sont particulièrement intéressants». Le fonds Ajyal pourrait ainsi être un outil du renforcement de la présence tunisienne en Libye, à l'heure où le pays convoite le marché de la reconstruction qui se profile chez son voisin. La Tunisie ambitionne même de devenir «une plate-forme d'accès à la Libye». «Les investisseurs qui, partout dans le monde, regardent vers la Libye, doivent savoir qu'ils peuvent trouver des partenaires en Tunisie», a dit Jalloul Ayed. Reste à réunir les conditions nécessaires pour que le fonds Ajyal donne aux investisseurs une «force de frappe pour faire plus et voir plus loin», et faire du «Plan Jasmin» un succès. Des réformes du système financier et du secteur public apparaissent nécessaires, ainsi qu'une réforme fiscale, accompagnée de la révision du code d'incitation aux investissements, souligne le ministère des finances. Le texte portant création du fonds Ajyal doit être présenté au conseil des ministres avant l'élection de l'Assemblée constituante, le 23 octobre. Une feuille de route doit être finalisée avant la fin de l'année, pour de premiers investissements prévus mi-2012. |
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