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La daïra d'Oran a recensé 200 cas: Les familles expulsées auront droit à un relogement

par S. M.

Le drame de la jeune mère, G. Mama, qui s'est immolée par le feu, à la fin de la semaine dernière, au bâtiment CIA dans le quartier Hippodrome, pour dénoncer une décision judiciaire d'expulsion de «son» domicile, n'est pas un cas isolé. Des centaines de familles sont sous le coup de décisions d'expulsion de logements appartenant le plus souvent à l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) ou à des particuliers. Ils sont en réalité 200 familles menacées d'expulsion dans la ville, selon un récent décompte établi par les services techniques de la daïra d'Oran. Dimanche, le chef de daïra a annoncé que toutes les familles sous le coup d'expulsions, auront droit à un relogement.

«Nous allons prendre en charge le dossier des familles expulsées ou sous la menace d'expulsion», a-t-il affirmé. Des centaines de familles sont victimes d'expulsions pour différents motifs, à Oran. La situation est plus dramatique quand des personnes âgées et des enfants en bas âge, se retrouvent du jour au lendemain, livrés aux affres de la rue. Les expulsions de familles occupant des logements «illégalement» avaient été suspendues, au début de l'année, dans le cadre de la stratégie d'apaisement social prônée par le gouvernement suite aux émeutes de janvier dernier. Une instruction avait été adressée aux huissiers de justice pour suspendre provisoirement les exécutions de décisions de justice ordonnant des expulsions.

Il est à rappeler que la jeune femme G. M. âgée de 30 ans, divorcée et sans emploi, mère de 2 enfants, a commis l'irréparable. Mimi, comme l'appelait ses amies et voisines les plus proches, s'est aspergée d'essence avant de s'allumer à l'aide d'un briquet. Selon des témoignages recueillis auprès de ses voisins, le drame s'est produit aux environs de 11h, jeudi, au moment où un huissier de justice accompagné d'un agent de police est venu pour exécuter une décision judiciaire d'expulsion du domicile. Un domicile, expliquent les mêmes sources, «propriété de l'OPGI, que Mimi avait acheté par désistement, il y a plus d'une année, pour la somme de 210 millions de centimes». Dans cette entreprise désespérée, l'un des enfants de Mimi, un garçon de 3 ans à peine, sera lui aussi grièvement brûlé, ainsi que l'agent de police présent sur les lieux.

Les 3 victimes ont été évacuées au service des « grands brûlés » du CHU d'Oran. La jeune mère, dont le pronostic vital est tout de suite engagé, souffrait de brûlures de 3ème degré sur pratiquement 100% de son corps. Finalement, elle succombera à ses graves blessures vendredi dernier vers 1h du matin. Le petit enfant souffre, quant à lui, certes de brûlures graves aux jambes et aux mains, mais ses jours ne semblent pas menacés. De même pour le policier qui se s'était brûlé le bras et une partie du cou «en tentant d'ôter le briquet de la main de la défunte».