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Le pouvoir a très vite pris la mesure des frustrations et de
la colère engendrées par les mesures adoptées lors de la dernière tripartite. Il
a aussitôt chargé le ministre du Travail et des Affaires sociales et le
secrétaire général de la centrale syndicale UGTA de la mission de prodiguer
l'assurance que les pouvoirs publics sont déterminés à faire plus en faveur des
salariés et des retraités que ce qui a été convenu dans la tripartite. Aux
premiers, les deux missionnaires ont annoncé qu'une commission a été créée qui
va réfléchit à la suppression de l'article 87 et comment faire face aux
contraintes financières que cela occasionnera et pour le budget de l'Etat et
pour celui des entreprises. Aux seconds, que le gouvernement a décidé de
prendre «une mesure exceptionnelle pour revaloriser les allocations et pensions
de retraite». L'étude de la nature de cette mesure exceptionnelle a été confiée
elle aussi à un groupe de travail.
La célérité du pouvoir à démontrer qu'il n'est pas insensible à la déception populaire suite aux annonces faites à l'issue de la tripartite est sa façon d'essayer d'empêcher qu'elle ne se transforme en gronde sociale généralisée. C'est exactement ce que fait préfigurer le mouvement de grèves qui, à l'initiative des syndicats autonomes et même d'instances affiliées à la docile centrale, donne lieu ici et là les preuves tangibles d'être l'expression d'un ras-le-bol partagé quasi unanimement par les salariés qui y adhèrent en masse et avec détermination. Le mouvement ne va pas s'arrêter du seul fait des annonces faites au nom des pouvoirs publics par les deux responsables chargés de jouer les «pompiers». Au contraire, il faut s'attendre à ce qu'il se fasse plus offensif pour contraindre les autorités à cesser de faire dans le dilatoire et à aborder dans le fond les questions sociales qui font problème. Ni la tripartite qui s'est achevée, ni les commissions et groupes de travail mis en place pour censément réfléchir à leurs traitements ne sont les cadres de travail jugés idoines par les salariés et les retraités. Cela pour la bonne raison que ces catégories sociales ne s'estiment pas représentées en leur sein par des négociateurs bénéficiant de leur confiance et donc en situation de défendre de façon persuasive leurs revendications. Pour détendre peut-être l'atmosphère sociale, les autorités auraient pu intégrer les syndicats autonomes au travail de réflexion des groupes créés à cet effet. Des syndicats dont le Premier ministre a reconnu la représentativité et qui ont fait preuve de clairvoyance en avertissant le gouvernement que l'ère des mesurettes et des miettes sociales n'est plus de mise. Tant sur le plan social que sur celui du politique, le pouvoir est en train de jouer à un jeu dangereux. Celui de faire miroiter par des effets d'annonce des promesses en tout genre qu'il vide peu à peu de toute consistance en les soumettant à l'approbation d'institutions et de commissions peuplées d'élus et de commis de l'Etat en déphasage absolu avec les attentes et espérances citoyennes. |
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