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Ils sont avocats, médecins, commerçants, hommes d'affaires, architectes, de
simples fonctionnaires, des retraités ou des sans-emploi. Ils sont vieux, jeunes
et moins jeunes. Tout les sépare, mais une passion les fédère: la chasse. Aujourd'hui,
leur souhait le plus cher, c'est que les pouvoirs publics ferment la parenthèse
sur la conjoncture exceptionnelle d'interdiction de la chasse, en vigueur
depuis le milieu des années 90, à la faveur de la levée de l'état d'urgence. Car,
selon eux, plus rien ne justifie à présent le maintien de cette interdiction
sur les terrains de chasse. De leur côté, ils n'ont pas attendu pour commencer
à faire le ménage dans leur petite maison (en désordre) par l'unification des
rangs et la chasse aux intrus et autres braconniers.
C'est là, à grands traits, l'idée-force de la rencontre régionale organisée, samedi, par les chasseurs de la région Ouest, au cœur de la forêt de M'sila. Sept wilayas (Oran, Tlemcen, Aïn Témouchent, Sidi Bel-Abbès, Mascara, Relizane et Mostaganem) y étaient représentées par le biais d'associations ou de fédérations de chasseurs professionnels: Aigle d'or, Bel air, La Vie verte, Les Amis de la forêt, Association Général Khelil, Association Faisan chasse & pêche. Les participants, dont le nombre a dépassé la centaine, ont ainsi posé les jalons de la fédération nationale des chasseurs, projet cher aux amateurs de l'activité cynégétique et dont la concrétisation est corrélative à la décision de réouverture de la chasse. «En tous cas, l'Etat a tout à gagner en accréditant une organisation réglementaire de chasseurs, à dimension nationale et aux ramifications régionales, en qualité de partenaire cynégétique. Continuer d'interdire la chasse sous le prétexte que la conjoncture sécuritaire ne s'y prête pas (encore) et va à l'encontre de la levée de l'état de siège. C'est une aberration. Il est temps de délivrer des permis de chasse à qui de droit», remarque le président de l'association Aigle d'Or, Kachra Nourredine, l'initiateur de ce grand rendez-vous en pleine nature. Selon le chasseur Belmehdi Ahmed, avocat de métier, «nous proposons un dégel mesuré et progressif de l'activité cynégétique, où les chasseurs fédérés ne seront plus vus seulement comme des porteurs de fusils et des traqueurs de gibier, mais aussi comme les yeux de l'Etat dans les bois et les premiers protecteurs de la faune et de la flore.» Et en parlant d'yeux de l'Etat dans les bois, des chasseurs du petit gibier ont chacun narré à sa façon, mais tous avec une pointe de fierté dans la voix, comment ils furent utiles pour les services de sécurité dans la lutte antiterroriste, en les informant sur les déplacements des groupes armés, leurs faux barrages et leurs casemates? Et avec autant d'orgueil, ils ont évoqué leur précieux rôle dans les battues administratives visant les sangliers, les loups, les chiens errants et autres animaux source de danger pour les habitants. Un chasseur vétéran estime que toutes les conditions sont actuellement réunies pour déverrouiller le créneau de la chasse, d'autant, explique-t-il, que l'Algérie est dotée d'un cadre réglementaire perfectionné, à savoir la loi 04-07 du 14 août 2004, lequel texte a comblé les insuffisances de la loi 82-10 du 21 août 1982. Cette loi portant vingt textes d'application (sur les modalités de délivrance et de validation du permis de chasser, les modalités d'organisation des battues administratives, lutte contre le braconnage, entre autres). D'autre part, l'on parle, selon des indiscrétions, de «plusieurs milliers de fusils confisqués à tort». Il s'agit, précise-t-on, d'armes conformes aux normes et légalement importées via des armuriers agréés, c'est-à-dire des fusils de chasse classiques à canon lisse de type superposé ou juxtaposé de calibres 12, 16 ou 20 mm, autorisés, sachant que les armes à canon rayé et automatiques de plus de trois coups ne sont pas admises en Algérie. Les armuriers, eux aussi, se disent lésés par cet abus d'autorité, puisque l'administration a refusé de renouveler leurs registres de commerce et autres licences d'importation, décisions assorties de saisie-arrêt de leurs équipements. Ils ont été ainsi forcés à la fermeture de leurs boutiques sans être indemnisés, soutiennent-ils. Aussi, certains amateurs de la chasse aux cailles des blés, perdrix gambra, faisans et autres mammifères comme le sanglier, le lièvre brun et le lapin de garenne, avouent pratiquer leur passion de temps à autre, malgré tout, mais non sans courir le funeste risque de tomber nez à nez avec les gendarmes et autres gardiens forestiers. A Oran, notamment, toutes les armureries ont fermé boutique dans les années 1990. Rien qu'au centre-ville, plusieurs armureries avaient pignon sur rue, notamment au bd Emir Abdelkader, à la rue des Aurès, entre autres. Des fusils, des cartouches et autres instruments étaient exposés dans les vitrines. Beaucoup de vieux chasseurs s'en souviennent avec nostalgie. |
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