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Les deux partis de l'Alliance présidentielle, le FLN et le RND, dont les élus constituent l'essentiel de la majorité qui domine à la chambre basse du Parlement, n'ont pris le train des réformes politiques, et encore à reculons, que parce que ne pouvant prendre le risque d'entrer en dissidence contre leur initiateur, le président de la République, derrière lequel ils sont amarrés et dont le programme est la cause fédératrice de l'alliance à laquelle ils appartiennent. C'est pourquoi il a été demandé au chef de l'Etat par d'autres formations et acteurs politiques de ne pas soumettre ses projets de réformes à l'actuelle Assemblée nationale, dont la majorité émane de partis réfractaires à l'idée d'un changement politique profond, mais aussi à la légitimité électorale contestable. Bouteflika a rendu un arbitrage pour le moins pernicieux. Sur le fond, il a reconnu que l'actuelle chambre basse souffre d'un déficit de légitimité en renvoyant la présentation de son projet de révision constitutionnelle à la prochaine législature qui sortira, selon ses promesses, d'un scrutin transparent et régulier. La même tare qui lui a fait écarter la présente chambre du processus de la révision constitutionnelle, aurait dû lui faire procéder de même concernant les projets de nouvelles lois fondamentales sur les partis, l'organisation des élections et même le code communal. Le «coupage de poire en deux » fait par le chef de l'Etat se veut avoir été imposé par le respect de la procédure constitutionnelle en vigueur et par l'urgence d'en avoir une nouvelle conforme à l'esprit de l'ouverture démocratique sous laquelle devraient se dérouler les toutes prochaines élections législatives. Ce passage par l'APN que Bouteflika a fait faire à ses projets de lois révèle que la majorité présidentielle est déterminée à vider ces textes de leurs dispositions les plus en rupture avec celles des législations précédentes, avantageuses pour les partis sous obédience du pouvoir. Il se dit que Bouteflika est foncièrement déterminé à opérer des changements politiques en profondeur. Soit, mais il sait tout de même que certains amendements qu'il a introduits dans les lois fondamentales, demandés par des acteurs politiques autres que les partis de l'Alliance présidentielle, ne sont pas du goût de certains de ceux-ci. N'espère-t-il pas au fond que ces amendements soient refusés par la majorité parlementaire ? Un tel résultat sortant de l'hémicycle parlementaire présenterait pour lui l'avantage de respecter les formes constitutionnelles et de lui permettre de se défausser de la responsabilité de réformes dévoyées sur les partis majoritaires à l'Assemblée nationale. C'est là un calcul dont l'hypothèse ne relève pas de la seule vue de l'esprit attribuant de sombres machinations au pouvoir. Tant celui-ci ne s'est résolu à faire des réformes politiques que forcé et contraint. Ce n'est pas délirer que de le soupçonner de vouloir retirer d'une main ce qu'il a été contraint de faire semblant d'octroyer de l'autre. L'exemple frappant de sa duplicité est la façon dont l'amendement portant sur la légalisation de nouveaux partis a été rédigé. Oui à de nouveaux partis, mais impossible dans la pratique à ceux-ci d'être au rendez-vous des prochaines élections législatives. Autant dire que réformes ou pas, le pouvoir a, ce faisant, balisé le terrain à une reconduction d'une configuration parlementaire pour la prochaine législature qui sera, à quelques nuances près, à l'identique de l'actuelle. La stratégie du pouvoir est pérenne : accorder du changement en apparence, gagner du temps et donner des gages à l'opinion internationale qui ne remettent nullement en cause son maintien aux rênes du pays. |
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