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L'UE veut faire oublier son ratage au MENA

par Kharroubi Habib

L'Union européenne, dont certains Etats membres et ses élites politiques et intellectuelles se piquent d'être au fait des réalités des pays en partenariat avec elle de la rive sud de la Méditerranée et de la nature des attentes de leurs peuples, n'a pas vu venir le printemps arabe qui a mis en lumière sa complicité avec les régimes de la région et la perversité de la nature des relations qu'elle s'est contentée d'instaurer avec leurs Etats. Il semble que ce «ratage», qui ne va pas être sans incidence sur son influence et sa présence là où souffle le vent du printemps arabe, a pour effet de lui faire entamer un travail de réflexion autour de la révision de sa politique de voisinage avec ses partenaires de la rive sud de la Méditerranée.

 C'est en tout cas le message qu'a délivré Hugues Mingarelli, le directeur général de la Politique européenne de voisinage pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, invité à Alger de l'Institut national d'études et de stratégie globale. L'Europe, a affirmé son représentant, est décidée à rectifier le tir de sa politique de voisinage, au constat que celle suivie à travers le processus de Barcelone à partir de 1995, puis celle autour de laquelle a été lancée l'Union pour la Méditerranée, n'ont pas été du tout un succès et lui ont fait commettre des erreurs. Parmi ces erreurs, Mingarelli a cité celle qui a consisté pour l'Europe à se préoccuper de nouer des relatons économiques avec les Etats du sud de la Méditerranée sans s'inquiéter de leurs réalités politiques. Le travail de réflexion en cours doit, selon son représentant, permettre à l'Union européenne de changer de fusil d'épaule en révisant ses positions sur les sujets où elles sont discutables.

 Des pistes ont été évoquées par Mingarelli sur quoi porte la réflexion européenne. Il s'agirait d'abord pour l'Europe de ne plus cantonner sa politique de voisinage au partenariat exclusif avec les gouvernements, mais de nouer aussi et sans esprit d'ingérence des contacts avec les sociétés civiles et de développer des initiatives d'aide et de facilitation en leur direction. Le directeur général de la Politique européenne de voisinage pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient a posé comme postulat qu'il faut que «l'influence politique de l'Union européenne soit à la mesure de sa puissance économique».

 Ce qui aura pourtant surtout retenu l'attention dans le développement du représentant de l'Union européenne, c'est d'avoir avancé que «la position de l'UE dans le conflit du Sahara Occidental est discutable. Et tout aussi discutable également s'agissant de celle sur le conflit palestino-israélien».

 Faut-il croire que le printemps arabe a véritablement amorcé pour l'Union européenne un processus de remise en cause de visions qui ont été à la base de sa politique et de ses positions concernant la région sud de la Méditerranée ?

Il est en tout cas certain que les peuples de cette région ne se sont pas révoltés pour que l'Europe ou d'autres puissances continuent à les considérer avec le même prisme humiliant et à leur imposer un partenariat en en faisant des mineurs à qui dicter ce qui serait «bon» pour eux.