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Les craintes exprimées à maintes reprises par l'Algérie et certains pays
du Sahel, sur la menace que constitue le surarmement en Libye et la disparition
d'importants stocks d'armes, se sont avérées justifiées. Au lendemain de
l'annonce de la disparition «dans la nature» de 5.000 missiles sol-air en Libye,
ce chiffre a été revu à la hausse. De récentes informations font état de la
disparition de 10.000 missiles sol-air. Certains pays occidentaux, qui avaient
au départ minimisé l'impact de la prolifération des stocks d'armes pillées, expriment
aujourd'hui une profonde inquiétude.
Depuis le début du conflit en Libye, l'Algérie avait mis en garde contre la prolifération d'armes en Libye. De haut responsables avaient signalé que les groupes terroristes, qui étaient traqués ces dernières années par les pays de la région, y compris par la Libye, ainsi que les réseaux du crime organisé, étaient en train de tirer profit de cette situation pour s'armer davantage. Hier, un haut responsable militaire de l'Otan, cité hier par le site de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, a affirmé que la trace d'au moins 10.000 missiles sol-air a été perdue en Libye. Selon Der Spiegel, le président du Comité militaire qui regroupe les chefs d'état-major des pays de l'Otan, l'amiral Giampaolo Di Paola, a tenu une réunion secrète avec des députés allemands lundi dernier, où il a exprimé les inquiétudes de l'Alliance atlantique. «Plus de 10.000 missiles sol-air, qui représentent une sérieuse menace pour l'aviation civile, pourraient sortir de Libye et se retrouver dans de mauvaises mains du Kenya à Kunduz (Afghanistan), leur a déclaré l'amiral», selon le magazine. Le président du Comité militaire de l'Otan n'a pas donné de précisions sur le type et les capacités des missiles en question. Le chiffre évoqué par l'amiral Di Paola est cependant le double de celui donné samedi à Benghazi par un responsable militaire du nouveau régime libyen, interrogé sur le risque que de telles armes, susceptibles de servir à des attentats contre des avions civils, tombent entre les mains d'Al-Qaïda. Le général Mohamed Adia, chargé de l'armement au sein du ministère de la Défense du Conseil national de transition, a estimé à «environ 5.000» le nombre de SAM-7 «toujours manquants et dans la nature». «Malheureusement, il est possible que certains de ces missiles soient tombés entre de mauvaises mains (...) à l'étranger», a-t-il reconnu. L'officier s'exprimait à Benghazi au cours d'une conférence de presse organisée dans un ancien stock de l'armée du colonel Kadhafi. Plusieurs pays occidentaux se sont inquiétés de la dissémination de ces missiles sol-air de courte portée et de leur utilisation par des groupes terroristes, en particulier Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), contre des avions civils. Les Etats-Unis notamment ont fourni des experts et de l'argent pour démanteler les stocks existants. De nombreux stocks d'armes et de munitions de l'armée du colonel Kadhafi ont été pillés depuis le début en février de la révolution. Selon le CNT, la Libye de Kadhafi a acheté environ 20.000 missiles sol-air SAM-7, de fabrication soviétique ou bulgare. Plus de 14.000 de ces missiles ont été soit utilisés, soit détruits, ou sont aujourd'hui hors d'usage. La plupart étaient stockés dans la ville de Zenten. Le général américain Carter Ham, responsable de la première phase de l'opération de bombardements aériens de l'Otan contre le régime Kadhafi, avait affirmé début avril craindre que des activistes s'emparent d'une partie des quelque 20.000 missiles sol-air portables présumés détenus par le régime Kadhafi et de nature à être utilisés contre des avions de ligne. Parallèlement, la sénatrice démocrate Barbara Boxer a écrit la semaine dernière au secrétaire à la Défense, Leon Panetta, et à la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, pour leur demander d'établir un dispositif commun pour protéger les avions commerciaux contre la menace de ces missiles. Selon un rapport du département d'Etat cité par la sénatrice, plus de 40 avions civils ont été touchés par des missiles sol-air portables depuis les années 1970. La semaine dernière, les chefs d'état-major des armées du «Groupe 5+5», formé de dix pays du Maghreb et de l'Union européenne (UE), étaient réunis à huis clos à Nouakchott pour discuter de la sécurité au Sahel, région confrontée au terrorisme. Cette rencontre d'une journée a permis aux chefs militaires maghrébins et européens d'examiner en particulier les conséquences du surarmement d'Aqmi consécutivement à la crise libyenne. Outre les missiles sol-air, les gouvernements occidentaux et plus particulièrement les Etats-Unis ont exprimé leur crainte de voir certaines armes prohibées aux mains de terroristes, après que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) eut confirmé, suite à des informations de presse, la présence d'un stock de concentré d'uranium «yellow cake» près de Sebha, à 750 km au sud de Tripoli. |
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