La dernière réunion de négociation tripartite, tenue le 29 et 30 septembre,
est qualifiée d'un «non événement» par les syndicats autonomes. Si dans le
secteur privé, aucun syndicat n'existe pour concurrencer l'organisation de Sidi
Saïd, dans la fonction publique, en revanche, 25 syndicats disputent la
représentativité à la centrale syndicale. Le CLA, le SNAPAP, le SATEF ainsi que
l'aile du CNES dite «coordination nationale», qui forme la coordination
intersyndicale, dénonce «l'exclusion des syndicats autonomes de la tripartite, ce
qu'elle considère comme «un mépris». Le Docteur Mohamed Yousfi,
président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique
(SNPSSP), que nous avons joint hier, considère ce rendez-vous comme «un non
événement». «C'est un monologue qu'a mené le gouvernement avec lui-même», dit-il.
«Alors que le gouvernement a convié plusieurs organisations patronales, il n'a
invité qu'un seul syndicat non autonome, l'UGTA», déplore
le président du SNPSSP. Répondant au Premier ministre, qui a affirmé à l'issue
de la tripartite que les syndicats autonomes ne sont pas «ignorés» par le
gouvernement, le Dr Yousfi rappelle que les syndicats
attendent toujours un agrément pour officialiser leur fédération dont une
demande a été déposée au niveau du ministère du Travail. De son côté, Idir Achour, porte-parole du
Conseil des Lycées d'Algérie (CLA), affirme que «le fait de reconnaître la
contestation sociale est une reconnaissance en soi de l'existence de forces syndicales
autonomes». Et de poursuivre: «Devant notre mobilisation, le Premier ministre
n'avait autre choix que d'avouer cette reconnaissance.» M. Ouyahia
a affirmé que «si la participation à cette rencontre s'est limitée à l'UGTA, il ne faut nullement en déduire que les syndicats
autonomes ne sont pas reconnus ou qu'ils sont ignorés». Pour lui, les raisons
de leur non invitation à la tripartite sont liées au fait qu'ils sont
actuellement en négociations dans leurs secteurs d'activité. Et d'indiquer
qu'«avec le temps, on finira par connaître le poids de chaque syndicat et sa
véritable représentativité», a poursuivi Ouyahia. «Certains
chefs de ces syndicats ne travaillent même pas dans le secteur d'activité du
syndicat», a-t-il dit. «Le jour viendra où ces syndicats cesseront leur parade
et nous trouverons une solution pour dialoguer avec eux», a t il ajouté. Invité
à commenter le bilan de la tripartite, le Dr Yousfi
n'y voit aucun résultat. Pour lui, «le gouvernement n'a fait qu'entériner les
décisions déjà annoncées et connues auparavant». Explication de ce responsable
syndical : «L'écrasante majorité des salariés et des fonctionnaires n'est pas
concernée par la valorisation du SNMG. Bien au contraire, cette hausse sert
beaucoup plus les hauts cadres dirigeants des entreprises publiques dont le
salaire est indexé sur le SNMG.» Pour un syndicaliste du SNAPAP, «aucune mesure
concrète n'a été prise pour améliorer le pouvoir d'achat des Algériens». «La
baisse de l'IRG des salariés et l'abrogation de
l'article 87 bis ont été refusés par le gouvernement», souligne-t-il. M. Achour estime également que cette tripartite «n'a
aucunement amélioré le pouvoir d'achat des travailleurs». Pour lui, «les
décisions de la tripartite sont «un cadeau offert pour le patronat au détriment
des salariés». Et de considérer que «la hausse de 3000 DA sur le salaire
minimum ne sert qu'à donner une image à l'international d'un gouvernement qui
cherche, soi-disant, à améliorer le pouvoir d'achat des petits salariés». Pour
un autre syndicaliste de la Satef, «la décision de mettre sur pied un
groupe de travail mandaté pour évaluer les incidences de la suppression de
l'article 87 bis et préparer la prise en charge de cette question dans la
prochaine révision du code du travail n'est qu'une manière de gagner du temps
pour ne pas abroger cet article controversé». Pour ce syndicaliste, il en est
de même pour le dossier des retraites qui «a été carrément évacué de la
tripartite pour être envoyé aux calendes grecques». La tripartite a convenu de
confier à un groupe de travail tripartite l'examen des possibilités d'augmenter
le taux de cotisation de la branche retraite pour assurer à la caisse les
recettes supplémentaires nécessaires à la prise en charge durable de ses
obligations envers les retraités.