Des dizaines d'habitants du quartier Derb ont investi hier le boulevard Maâta Mohammed El Habib, bloquant la circulation automobile pour plusieurs heures de la journée.

Munis de l'emblème national et d'une banderole sur laquelle était inscrit : «Nous, habitants du Derb, exigeons de parler au wali.» Motif de la contestation : «un relogement qui tarde à venir, en dépit des promesses tenues officiellement par les autorités locales et rapportées par la presse locale et nationale, annonçant à deux reprises un prochain relogement dont le dernier donné pour le 15 septembre. On vient d'entamer le mois d'octobre, et il n'y a toujours rien à l'horizon », affirment dépités des participants au mouvement, avant de lâcher: « Ras le bol des promesses non tenues. On ne bougera pas d'ici avant de parler au wali en personne.»

Le ton est désormais donné. Des officiers des services de sécurité se relayent pour tenter d'apaiser les ardeurs en prenant langue avec les représentants des habitants. Des agents de l'ordre public œuvrent de leur côté, tant bien que mal, à faire frayer un passage aux bus qui viennent en provenance de la place du 1er Novembre s'agglutiner aux abords de la place Mokrani (ex-Valéro). Il est près de 12h et la situation devient de plus en plus difficile à gérer pour les services d'ordre. L'arrivée de M. Hassam, maire de la ville, vient à point nommé pour un éventuel dénouement.

Le dialogue bref mais franc. Bon nombre de contestataires disent vouloir parler au wali et non au maire. Ce dernier, pour sa part, les prie de faire preuve de sagesse et de libérer la circulation automobile en prenant l'engagement de les accompagner demain pour une entrevue avec le chef daïra.

Le nombre de protestataires a pratiquement doublé depuis les premiers attroupements observés à partir de 10h30. Des femmes et des enfants rallient le rassemblement. Ils ont décidé dès lors de complètement bloquer le boulevard Maâta Mohamed El Habib à la circulation en s'essayant à même le sol. Les véhicules sont priés de rebrousser chemin. Au bout de quelques minutes, l'artère est complètement vidée de toute circulation. Même les engins de travaux publics de Tramnour utilisés dans le chantier du tramway sont contraints de faire demi-tour. Vers 12h30, les manifestants décident d'avancer vers la place du 1er Novembre et la bloquer à son tour. Ils s'installeront à proximité du Théâtre régional d'Oran paralysant du coup la circulation à l'ensemble des transports en commun, et ils sont nombreux à empruntent ce carrefour. Vers 14h30, la foule s'est dispersée dans le calme sans que le moindre incident grave ne soit signalé.

A noter enfin que la wilaya d'Oran dispose d'un parc de logements sociaux de 1.333 logements qui attendent d'être distribués. Un nombre qui reste largement en deçà de la demande réelle de la wilaya, où l'on estime le nombre de dossiers de demandes déposés au niveau de la commission de daïra à plus de 80.000. Le quartier de Derb compte à lui seul pas moins de 800 familles qui attendent un relogement, sans compter El Hamri et d'autres vieux quartiers où le parc des habitations menaçant ruine y est conséquent.