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L'éditorialiste et directeur d'Al Qods Arabi, Abdelbari
Atwane, n'est pas un partisan de Mahmoud Abbas, loin s'en faut ! Il n'a eu de
cesse, au cours des dernières années, de dénoncer dans sa démarche politique un
aveuglement absurde qui n'est pas très loin de l'abandon du minimum des revendications
nationales palestiniennes.
Depuis quelques jours ? et même s'il ne se fait pas d'illusions ?, le grand journaliste palestinien ne tarit pas d'éloges à l'égard du président de l'Autorité palestinienne. Manifestement, à force de le voir soumis, haletant derrière une négociation qui ne mène nulle part, il ne s'attendait plus à un sursaut de dignité de sa part. En allant jusqu'au bout de sa démarche de faire reconnaître l'Etat palestinien par l'Onu en dépit des entraves et des menaces américaines, Mahmoud Abbas a fait un grand geste qui lui vaut, presque, de se faire pardonner au moins une décennie d'errance où il a mis la cause palestinienne dans un cul-de-sac. La « carte américaine » était faussée et le président de l'Autorité palestinienne et ses négociateurs ont mis un temps fou pour « voir » ce que tous les Palestiniens des camps de réfugiés et d'ailleurs constataient. Mais ce changement de regard à l'égard de Mahmoud Abbas n'est pas un enthousiasme béat. C'est une attitude politique conditionnée à l'absence de recul. En allant contre la volonté des Etats-Unis et des principaux Etats occidentaux vers l'Onu, Mahmoud Abbas s'est engagé de facto dans une démarche de rupture avec le processus mensonger d'Oslo, dont il a été le défenseur jusqu'à l'absurde. Hier, le message en édito de M. Abdelbari Atwane était condensé dans le titre : « Au président Abbas : Gare à vous si vous reculez ! ». Car tout est fait, même après le dépôt officiel de la demande palestinienne, pour amener Mahmoud Abbas à reculer. Obama, qui n'a que les élections en ligne de mire, ne peut aller que dans la surenchère en matière de soutien à Israël. Se plier à ses exigences n'apporte non seulement rien aux Palestiniens, mais il entacherait le seul geste de Abbas, vraiment le seul, qui, en dix ans d'exercice, suscite un soutien franc des Palestiniens. Quant aux dirigeants européens « amis des peuples arabes », il est inutile d'essayer de décortiquer leurs discours. Ils sont aux ordres de Netanyahu et de l'Etat d'Israël. La plaisanterie d'un statut comparable à l'Etat du Vatican offerte à Mahmoud Abbas comme ersatz est tout simplement infantilisante. Il s'agissait, encore une fois, de demander à Abbas de « faire semblant » et de neutraliser sa démarche. Si Mahmoud Abbas acceptait un tel os à ronger, il terminerait sa carrière politique, peu reluisante, par une farce. C'était tellement « malin » cette proposition de statut à la vaticane que cela donnait clairement une idée de la haute estime dans laquelle on tient ce « bon et brave Palestinien » qui se complaisait si bien dans le statut de celui qu'on mène en bateau. Oui, gare à Mahmoud Abbas s'il recule ! Les Palestiniens n'ont rien à gagner à le voir encore une fois se plier aux exigences des faux parrains de la paix. Il n'a rien à gagner non plus pour son histoire personnelle. Il n'a rien à attendre de ce misérable quartette qui ne se réveille que pour sauver la mise à Israël. La Palestine est depuis au moins un demi-siècle le révélateur réel des rapports entre le monde arabe et les Occidentaux. Cette Palestine continue à assumer ce rôle en ces moments de mystification où les ennemis durables des peuples arabes font mine de soutenir leur élan vers la liberté. |
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