La voix suave de «Hawas
bi aïnak yal warchane» s'est éteinte dans la nuit du jeudi dernier. Le
conteur de la radio de Bel Horizon n'est plus. Il s'agit de l'écrivain Omar Dib
qui nous a quittés vendredi dernier, à l'âge de 71 ans. Le défunt est né le 4
février 1940, à Derb El Hadjamine.
Il perd son père, Bachir, ouvrier chez un colon, à
l'âge de 4 ans. Il suivit ses études primaires et secondaires dans sa ville
natale. Dès sa jeunesse, il manifeste une immense passion pour la lecture qui
le mène à activer, de manière intense, dans la célèbre association «Les Amis du
Livre». Au milieu de l'année 1956, il sera aux côtés de son frère Djamal Dib, dans la cellule «fida»
implantée à Tlemcen et circonscrite à l'ex-rue de Paris, tandis que d'autres
quartiers seront sous la responsabilité de Djamel Ould
Abbas, Sidi-Ahmed Khiat, Boumédiène Zerga, Nourrédine Mrabet (pour Beauséjour), Othmane Berber, et Mrabet (pour El- Kalaa).Il tenta de rejoindre le maquis par la suite, mais
fut rapidement intercepté par l'armée française. Incarcéré à «Dar el-jennenar», il subit
d'inhumaines tortures dont il portera les séquelles durant toute sa vie. Dès le
début de l'indépendance, il se consacre à l'enseignement du dessin au lycée
polyvalent puis Benzerdjeb. Art dont il apprit les
secrets, bien des années auparavant, auprès de son oncle Abdelkrim
Diabi, artiste créateur de dessins sur tapis. Ainsi
que les sciences naturelles aux côtés des Klouche, Berber entre autres? A partir de 1985, il prend en mains la
célèbre association «Les Amis du vieux Tlemcen », qui avait activé durant la
période coloniale sous l'autorité d'A. Bel, des frères Marçais,
d'Edmond Destaing et d'autres?, dont le premier
bulletin remonte à 1950, et dont les activités furent interrompues entre 1962
et 1985. Auteur de plusieurs articles d'ordre culturel et historique (dans Le
Quotidien d'Oran), de contes populaires, de nouvelles fantastiques, de scénario
pour documentaires («Lalla Maghnia»
de Mustapha Hacini), Omar Dib, dont on garde l'image
d'un homme agréable aura participé de toute son âme à l'intense activité que
requiert «Tlemcen, capitale islamique 2011». Dans ce sillage, Omar Dib animait
à la radio locale une émission culturelle très appréciée ««Hawas
bi aïnak yal warchane» (Promène-toi tourterelle) où il (ra) contait avec
son accent typiquement tlemcenien (darija) moult histoires et légendes liées à la cité des Zianides? Il fut par ailleurs, l'hôte de plusieurs
associations, telles «Tarab El Acil»,
l'Office du tourisme, l'Aspewit, l'Ecolymet, l'association des anciens condamnés à mort? Avec
les disparitions de Cheïkh Abderrahmane
Mahdjoub, Sid Ahmed Bouali,
Mohammed Dib, Mahmoud Agha Bouayed, Dib Ghouti, Kamel Malti,
Benamar Djebbari et
aujourd'hui Omar Dib, ce sont des bibliothèques ambulantes humaines qui ont
«brûlé»? Comme pour pérenniser ad mortem la tradition chère à lui, «hayt el djana» (le mur mortuaire
ou de condoléances) sera scrupuleusement observé ou plutôt ressuscité en sa
mémoire lors de son enterrement en présence d'une foule nombreuse, vendredi
dernier, au cimetière Sidi Senouci de Aïn Wazouta où hormis le recteur Nourredine Ghouali, on n'a pas
remarqué l'ombre d'une autorité locale à ces obsèques émouvantes?