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Tlemcen: Sid Ahmed Serri à l'honneur

par Notre Envoyée Spéciale A Tlemcen : Ghania Oukazi

Le grand maître de l'école d'Alger, Sid Ahmed Serri, sera à l'honneur à partir d'aujourd'hui à Tlemcen où il lui a été consacré un travail audiovisuel fabuleux.

Une première dans l'histoire de la musique algérienne «et même dans le monde arabe», se défend son concepteur. Le grand maître incontesté de la Sanaa d'Alger sera «écouté» à partir d'aujourd'hui à partir d'une plateforme multimédia. «C'est toute une armée de spécialistes et de techniciens de la musique qui ont travaillé sur ce projet», nous disait hier Fayçal Benkalfat qui en avait déjà lancé l'idée en 2001. «C'est le président de la république en personne qui avait donné instruction à cette époque pour que le patrimoine immatériel national soit recensé et protégé», affirme notre interlocuteur. Justement, le projet que Benkalfat a initié et conçu relève de cette logique de protection d'un patrimoine musical national colossal. «Ce travail sur le multimédia nous a été demandé par la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi», tient à rappeler Benkalfat.

L'initiative se décline en l'ouverture d'un portail internet affichant tout ce qui concerne Sid Ahmed Serri, ses œuvres musicales avec transcriptions, ses photos, ses manuscrits et des vidéos retraçant sa vie.

Première œuvre qui sera consultable sur ce portail multimédia sera donc celle de ce grand Maître de la musique andalouse. «Nous avons commencé par Serri parce que c'est l'œuvre la plus complète que lui-même avait enregistrée», indique Benkalfat. Les premières images de cette œuvre, nous les avons vues hier dans le studio d'enregistrement de notre interlocuteur. Un studio qui renferme des œuvres inédites, des anthologies de la musique andalouse des trois écoles, Sanaa de Tlemcen, Sanaa d'Alger et Malouf de Constantine. Le travail multimédia effectué sur Serri sera présenté aujourd'hui à la maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen en présence de l'artiste et de ses élèves «éclairés», à savoir Brahim Beladjreb, président de l'association El Fen El Açil de Koléa, Youcef Ouznadji, président de l'association El Aanadil (les rossignols) de Chéraga et Farid Bensarsa, chef d'orchestre et président de la Mocilia de Paris. «Il gère la plus grande école de musique andalouse avec plus de 300 élèves et de surcroît se trouve à Paris», dit Benkalfat de Bensarsa.

Les invités de Tlemcen découvriront un Sid Ahmed Serri à travers ses 441 morceaux de son répertoire dont près de 400 sont, précise Benkalfat, «des mélodies uniques». Ils visionneront aussi 21 vidéos retraçant la vie du maître. «Le début d'une passion» est le titre qui est donné à la première vidéo du travail de reconstitution consacré à son parcours artistique. Serri est aussi filmé racontant sa vie et ses débuts musicaux. Il se rappelle de ses premiers battements de cœur pour la musique. C'était lors d'un mariage organisé à la Casbah d'Alger et où ses parents l'ont trouvé, enfant qu'il était, en train de goûter aux vibrations des instruments et des sons qu'ils émettaient dans le quartier. Le concepteur du site a pris, par ailleurs, le soin de mettre sur la toile quatre manuscrits de la Sanaa d'Alger dont le premier daterait de 1812. Un patrimoine qu'il dit avoir eu le plaisir de l'avoir fait scanner par son équipe.

Benkalfat promet que le site sera opérationnel dès qu'il aura rassemblé en multimédia plus de 2000 pièces. Il tient à préciser que s'il a préféré procéder à l'ouverture de ce portail par les chantres de la musique, c'est, dit-il, «parce que la musique andalouse est très complexe et qu'il faut fournir de grands efforts pour classer, répertorier et classifier ses anthologies. «Nous attaquerons tout de suite après les œuvres hawzi et nous passerons aux différentes musiques locales qui restent toutes à découvrir», assure-t-il. «Le travail est évolutif, on doit l'améliorer constamment», fait-il savoir. Sid Ahmed Serri est célébré à Tlemcen à partir d'aujourd'hui et ce, jusqu'à jeudi soir.