Du nouveau dans l'affaire du drame de la «Mare d'eau». La reconstitution
des faits, acte d'investigation judiciaire, aura lieu au courant de cette
semaine, a-t-on appris de source proche de ce dossier, qui est toujours en
cours d'instruction devant le tribunal d'Oued Tlélat.
Alors que les trois chasseurs mis en cause sont maintenus en détention à ce
jour, un nouveau magistrat instructeur a pris en main l'affaire après que son
prédécesseur eut été muté vers une autre juridiction lors du dernier mouvement
des magistrats, précise-t-on de même source. Ainsi, l'instance en charge de
l'instruction sur cette affaire compte, elle, beaucoup sur la séance de
reconstitution des faits pour faire la lumière sur ce qui s'est passé
réellement sur la scène du crime, à savoir la lisière de la forêt de la «Mare
d'eau», réserve naturelle relevant administrativement de la wilaya de Mascara, située
à califourchon entre Sig et Boufatis,
où deux personnes ont été mortellement touchées par balles lors d'une partie de
chasse nocturne aux sangliers. Trois individus, qui ne sont autres que les
compagnons des chasseurs décédés, ont été inculpés d'homicide et d'exercice de
la chasse sans autorisation et, le cas échéant, détention d'arme à feu sans
permis, et ce sur ordre du magistrat instructeur qui les a placés sous mandat
de dépôt. Par ailleurs, les familles des deux victimes se sont constituées
partie civile. Plus de deux mois après cette sinistre
campagne de chasse, organisée hors du cadre réglementaire qui prévoit un arrêté
du wali pour ce genre de battues administratives, ce drame est toujours
d'actualité dans la région. La difficile et non moins délicate tâche de faire
la lumière sur cette sanglante scène nocturne du 16 juin 2011, aux environs de 22
heures, incombe désormais au juge d'instruction près le tribunal de Oued Tlélat. Il s'agit, en premier lieu, de déterminer avec la
plus grande exactitude possible dans quelles circonstances les deux victimes, 74
et 30 ans, ont été mortellement touchées par balles. Et de dire, en second lieu,
si l'homicide était accidentel ou volontaire. Deux éléments d'investigation, non
encore remis au magistrat instructeur, selon nos sources, auront leur poids: le
rapport d'autopsie du service médico-légal et celui de la balistique de la
gendarmerie scientifique. Une fois tous les éléments d'information rassemblés, l'on
procèdera fort probablement, en phase finale de l'enquête, à une reconstitution
des faits afin de recomposer le puzzle, et ce en présence des trois mis en
cause, inculpés d'homicide et d'exercice de la chasse sans autorisation.
Que s'est-il passé cette nuit-là ? Cinq
agriculteurs se donnent le mot pour sortir la nuit afin d'abattre les sangliers
dont les dégâts sur leur céréaliculture jouxtant la réserve d'animaux protégés
avaient atteint des proportions alarmantes. Armés de leurs fusils, ils se
lancent dans leur chasse au porc sauvage. Un groupe se met à battre les champs
et les taillis pour en faire sortir le gibier. De l'autre front, un autre
groupe se met aux aguets à hauteur de la ligne de grillage bornant la réserve
protégée. Première étape réussie, un sanglier traqué se fait coincer dans une
des brèches pratiquées par ces animaux sauvages pour s'ouvrir un accès sur les
prés avoisinants. Commence alors une rafale de tirs très approximatifs, voire à
l'aveuglette, en direction de la bête qui grognait à mort. Soudain des cris
d'homme. Après le cessez-le-feu, l'épouvantable surprise: on aperçoit deux des
cinq chasseurs allongés par terre, corps inertes. L'un deux, le plus âgé, un
septuagénaire, touché par une balle qui lui a transpercé le crâne, rend l'âme
sur le coup. L'autre, la trentaine, ayant reçu 3 projectiles dans différents
endroits du corps, succombera à ses blessures aux UMC le lendemain.