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L'Etat palestinien: «Plus qu'une option, une obligation»

par Kharroubi Habib

A moins d'un revirement extraordinaire, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, va dans quelques jours présenter au secrétaire général de l'ONU la demande d'adhésion d'un Etat palestinien aux Nations unies. Une initiative et une démarche qui donnent lieu à d'intenses contacts et tractations diplomatiques.

Pour les Palestiniens et les parties internationales qui soutiennent leur demande, il s'agit que celle-ci soit adoptée le plus largement possible afin qu'il ne subsiste plus le flou qu'Israël et ses alliés entretiennent sur la question d'un Etat palestinien, dont il n'est plus le temps d'en discuter l'éventualité de la création, mais celui d'en officialiser l'existence et d'en reconnaître la légitimité au plan international. Pour leur part, le gouvernement israélien et Washington, qui s'opposent à la démarche palestinienne, tentent de lui faire barrage et s'escriment à faire valoir qu'elle est une action « unilatérale», qui n'aura d'autre effet que celui « de compliquer le retour aux négociations bilatérales directes entre Israéliens et Palestiniens.

Autant les Palestiniens reçoivent d'adhésions internationales à leur démarche, autant l'Etat israélien se retrouve acculé dans l'isolement international. Et cela en dépit des mises en garde et pressions faites par les Etats-Unis pour dissuader la communauté internationale de faire suite à la demande palestinienne. Au vu de la tournure qu'a prise la confrontation diplomatique entre les Palestiniens, leurs alliés et Israël et ses partisans, elle ne laisse planer aucun doute sur ce qu'en sera l'issue. Fin septembre, il y aura bel et bien un Etat palestinien internationalement reconnu.

La perversité des Etats-Unis va consister à faire entretenir le doute sur sa légalité en empêchant par la menace du veto que le Conseil de sécurité de l'ONU entérine sa reconnaissance. Il n'empêche que même si cette reconnaissance ne sera que celle que votera l'Assemblée générale des Nations unies, la cause palestinienne engrangera un acquis déterminant. Tout ce que fera en effet l'Etat sioniste par la suite pour retarder l'émergence d'un Etat palestinien sous prétexte qu'il faut négocier ses frontières, sa nature et la souveraineté à lui concéder, sera frappé du sceau de la contrevenance aux droit et règles internationaux.

Il est clair que les Palestiniens, d'abord, et tous les Etats, ensuite, qui appuient leur demande de reconnaissance d'un Etat palestinien par les Nations unies, ne remettent pas en cause le principe qu'il faut que Palestiniens et Israéliens reprennent les négociations bilatérales directes pour trouver les solutions acceptables à leurs différends. Ce qu'ils entendent par contre faire comprendre à Israël à travers cette reconnaissance, c'est qu'il ne peut plus imposer ses seuls préalables et conditions aux négociations et surtout à agir à l'égard des Palestiniens comme il le fait depuis trop longtemps en s'abritant derrière l'inexistence de leur Etat national.

L'ambiguïté, pour ne pas dire la franche hostilité que des puissances principales actrices sur la scène internationale ont mis à légitimiter la revendication d'un Etat palestinien l'a encouragé à développer une politique irresponsable et de fuite en avant à l'origine de la longue tragédie qui est celle du peuple palestinien. Même ces puissances se sont ralliées pour la plus grande part d'elles à l'obligation de faire prendre conscience à l'Etat hébreu que « trop, c'est trop », même si elles lui accordent toujours le «statut d'Etat à part» dans le concert des nations.

Reconnaître maintenant l'existence de l'Etat palestinien n'est plus une «option mais une obligation», ainsi que l'a déclaré sans détour le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.