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Ghardaïa: Une ville squattée

par Aïssa Hadj Daoud

Depuis bien des mois, une nouvelle race de commerçants a vu le jour à Ghardaïa, bafouant toutes les lois et les textes en vigueur. Ainsi, cette nouvelle caste ne trouve pas mieux que d'étouffer les commerçants possédant un local et les maisons, en se postant devant leurs devantures. Les commerces illicites sont donc légion à Ghardaïa et se pratiquent au grand jour au vu et au su de tout le monde, sans que les services concernés interviennent pour mettre de l'ordre. En effet, les trottoirs sont constamment squattés par certains commerçants et des vendeurs qui étalent leurs marchandises à même le sol. Les conditions d'hygiène sont souvent les plus déplorables. Marcher ou plutôt pouvoir se faufiler dans les dédales de certaines rues commerçantes relève de la virtuosité. Devant la porte d'un tel, sur le trottoir ou bien au beau milieu d'une chaussée ou d'une place publique, tout espace est le bienvenu. Le plus grave dans tout cela, c'est de voir des policiers faire la ronde au milieu de ce désordre qui ne semble nullement les déranger.

Et c'est d'ailleurs cette passivité qui a fait que d'ingénieux commerçants de bric-à-brac en arrivent même à fermer complètement le trottoir aux passants. Etant devenu leur propriété exclusive, les piétons sont donc contraints de circuler sur la chaussée, ce qui encombre la rue, cause bien des désagréments aux automobilistes qui se mêlent aux piétons, provoquant parfois de graves accidentes. Et ce n'est pas fini. En guise d'audace, cet énergumène, afin d'étaler toutes sortes de marchandises, n'a pas trouvé mieux que d'occuper illégalement une bonne partie de la place «Belhadj Daoud», pourtant réservée au stationnement des automobilistes locaux ou en provenance d'autres wilayas. Quant aux clients, que ce soit des consommateurs ou autres, attirés par les prix très abordables, achètent et découvrent en rentrant chez-eux qu'ils se sont fait drôlement arnaquer. Le produit étant de très mauvaise qualité ou carrément périmé. Pour ceux qui consomment sans regarder, ils se retrouvent à l'hôpital pour intoxication alimentaire. Cependant, en dépit des réclamations émanant des citoyens, commerçants et usagers de véhicules, aucune autorité ne semble disposée à réagir pour mettre un terme à l'anarchie qui s'est installée depuis bien des mois, voire des années. Ce qui fait dire aux citoyens qu'à Ghardaïa, il n'y a même pas un service minimum de l'Etat susceptible d'éradiquer cette anarchie.