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Le mini-sommet tenu, mardi à Paris, entre
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel
n'annonce rien de particulier qui n'a été déjà dit et annoncé auparavant. L'initiative
franco-allemande apparaît plus comme un « coup politique » dans l'intérêt des
deux pays, qu'un programme économique pour l'Union.
Il est clair que la crise financière qui secoue la zone euro est, d'abord, une conséquence de la spéculation financière internationale qui échappe, pour l'heure, à tout contrôle de quelque autorité étatique que ce soit et qui fausse les règles traditionnelles du marché de la production et du travail. Aussi, les annonces faites à l'issue du « mini-sommet » franco-allemand de mardi dernier ne sont pas, à vrai dire, une révolution dans les mœurs du libéralisme financier, pire, elles confirment la suprématie de la logique des banques commerciales au détriment des politiques publiques défendues, en principe, par les Etats. A l'examen des quatre décisions (projets) annoncées à l'issue de la rencontre franco-allemande à Paris, il n'est nul doute que l'UE fait du surplace, pour ne pas dire recule, depuis le choc financier de 2008. D'abord un gouvernement économique, tel que proposé, pour la seule zone euro creusera davantage le fossé déjà existant au sein de l'UE entre pays de la zone euro et le reste de l'Europe, alors même que l'intégration des 27 pays, et bientôt les 30 pays, est la raison d'être de l'Union. S'il faut un gouvernement économique, il ne peut se faire qu'avec les 27 pays membres. Ensuite, l'instauration de la « règle d'or », deuxième décision du mini-sommet de Paris, n'a rien d'exceptionnel en soi, puisqu'elle est contenue dans le traité constitutionnel de l'UE, celui adopté à Lisbonne, et qu'aucun Etat ne respecte. De plus, faut-il rappeler que c'est le président français, Nicolas Sarkozy, qui a enfreint le premier cette fameuse règle d'or qui consiste à limiter le déficit public à 3% et celui de l'endettement à 60% ? Quant à la 3ème décision relative à l'instauration d'une taxe sur les transactions financières, elle relève de l'impossible parce qu'elle ne peut être appliquée qu'à l'échelle planétaire ou pas du tout. On verrait mal les banques maintenir leurs sièges et activités en Europe dans une pareille situation. Par ailleurs, faut aussi rappeler que cette idée a été déjà lancée en 1972, voilà donc près de 40 ans, par le prix Nobel de la paix américain, James Tobin, sans jamais aboutir. Enfin, la quatrième idée franco-allemande qui consiste en une unification de l'impôt sur les sociétés dans ces deux pays, elle ne peut avoir d'effet palpable sur le reste des pays de l'UE. Et puis cette idée traduit en fait la difficulté de l'UE à fonder une véritable harmonisation fiscale qui conditionnerait toute la politique budgétaire commune de l'Union. Pour ces raisons, la rencontre de Paris entre Sarkozy et Merkel apparaît comme un « événement publicitaire » destiné à la consommation interne des deux pays que sont l'Allemagne et la France, qu'un plan « historique » de lutte contre la crise internationale. Inutile de revenir sur les échéances électorales qui attendent, l'année prochaine, les deux dirigeants en question. Sarkozy et sa présidentielle ; Merkel et sa majorité parlementaire mise à mal. Cependant, la chancelière allemande n'a pas fléchi face à la proposition du président français de mutualisation de la dette européenne par la possibilité d'émission d'euro-obligations. Une remarque: le mini-sommet de Paris consacré à la crise de l'euro s'est tenu sans la présence du président de l'Euro-groupe, Jean-Claude Juncker, ni celui de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet et encore moins celle du président de l'UE, Hermann Van Rompuy. Continuer d'appeler, avec de telles habitudes, à la solidarité européenne et la construction de politiques communes devient une chimère, une illusion. |
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