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La production ou plutôt la récolte apicole
s'est révélée, cette saison, encore une fois très faible.
Abdelkader, un apiculteur de la région, n'en revient pas. «On était allé ouvrir les ruches, une première fois vers la fin du mois écoulé (juillet), on a presque rien trouvé». «On est revenu, une seconde fois, deux semaines plus tard, on a trouvé du miel. Mais comparée à celle de l'année passée (2010), cette récolte ne représenterait qu'à peine 10% dont elle-même n'avait donné qu'à peine 50% de celle de 2009". C'est pour vous faire comprendre l'ampleur des dégâts, ajoutera-t-il. Pour ce professionnel de la production du miel, installé dans la vallée de la Tafna, le miel dans la région connaît une grave pénurie, pas seulement pour cette année, mais depuis au moins cinq années et peut-être pour les dix prochaines années. Lui, c'est un grand connaisseur du secteur du miel, il y est depuis au moins une quinzaine d'années. Comme lui, Ahmed, un autre apiculteur nous livra ça avec la même amertume, «Contrairement aux années 1990 quand une ruche produisait jusqu'à 4 litres de miel d'une excellente qualité, cette année la même ruche a produit à peine un demi-litre d'une qualité tout juste moyenne. Dans cette vallée de la Tafna, ils sont une trentaine d'apiculteurs. Pour la reine d'abeilles, la plupart d'entre eux font eux-mêmes l'élevage. Mais pour tous, le constat est alarmant. «Nous vivons des temps difficiles en raison de la dégradation du potentiel mellifère et la détérioration continue des conditions d'exploitation des ruches», explique notre interlocuteur. Cette vallée de la Tafna se distingue pourtant par la présence d'une flore mellifère abondante et diversifiée: forêt d'eucalyptus et plantations agrumicoles. La coriandre, cultivée dans la zone est paraît-il une bonne source nutritive pour les abeilles. Certaines ruches implantées à proximité de champs de coriandre ont, nous dit-on, donné une bonne récolte. Bizarre, non ? Mais plusieurs facteurs sont derrière cette situation. Le premier est relatif à la disparition de 60% des arbres d'eucalyptus dans la vallée, qui constituent la première source nourricière pour les abeilles. Ces arbres ont fait l'objet de coupes inadaptées. Manquante, cette substance rend moins performantes les abeilles. Il faudrait ajouter aussi les maladies de plus en plus nombreuses touchant les abeilles. «On n'a jamais vu cela depuis plusieurs années. Depuis les années 2000, les abeilles meurent en grand nombre. Touchées certainement par les conséquences chimiques des insecticides utilisés dans les champs» a noté un autre apiculteur. Autres causes, les aléas climatiques. Tantôt une sécheresse constatée tantôt des fortes pluies qui se sont abattues sur la région ont causé des dégâts sur une bonne partie des ruches, dont les plus touchées sont celles de fabrication traditionnelle. Abdelkader est plus explicite: « La loi de la nature serait à l'origine de la baisse sensible somme toute attendue de la production apicole». En effet, à défaut de fleurs où les abeilles devaient butiner, ces dernières ont été sustentées à l'aide de sucre. Les apiculteurs ont été contraints de donner du sucre aux abeilles ce qui a influé négativement sur la qualité et la quantité de miel auquel on attribue des facultés curatives diverses. Les abeilles seraient aussi désorientées, victimes d'un virus ou de la famine. Leur disparition est a priori, imputée surtout aux pesticides et à l'appauvrissement des végétaux sur la surface terrestre. Il y a aussi l'autre phénomène appelé le phénomène de désertion. Les scientifiques parlent de l'éventualité d'attaque de la ruche par un virus qui fait fuir la reine. Dans la ruche, c'est la reine qui commande, les abeilles ne peuvent pas fuir sauf si la reine donne l'ordre de quitter la ruche. Cette baisse devrait se répercuter sur les prix qui devront connaître une augmentation d'au moins de 50%. L'année passée, le prix du kilo de miel valait, selon sa qualité, entre 1500 et 2200 da. Pour note, la récolte apicule se fait début juin pour les régions à floraison unique alors qu'elle se fait en août, pour les régions à multiples floraisons. Pour obtenir 500 g de miel, une abeille doit travailler pendant 7000 h, ce qui représente près de 8000 fleurs visitées ! Dire qu'autrefois les ruches ornaient les paysages et où le bourdonnement des abeilles ajoutait une note de joie au chant des oiseaux. On ne voit aujourd'hui que quelques petites ruches qui peinent les passionnés des abeilles. Dire qu'alors les abeilles assurent un équilibre de l'écosystème, ces apidés, apparus sur terre, il y a plus de 80 millions d'années, n'ont pas du tout désintéressé Albert Einstein, à qui l'on prête l'hypothétique prophétie que «si l'abeille disparaissait de la surface de la Terre, l'homme n'aurait plus que quelques années à vivre». |
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