Pas moins de 70 % des produits agricoles que consomment les Algériens
sont produits localement», a déclaré, lundi soir, le ministre de l'Agriculture
et du Développement rural. Le ministre s'exprimait lors d'une émission de l'ENTV diffusée au lendemain de son audition par le Président
de la république. Il est à préciser que le taux de 70 % annoncé par le ministre
ne concerne que le nombre constituant la gamme de produits agricoles produits
localement. Si l'on se réfère à la facture alimentaire, l'Algérie a battu un
record: 4,8 milliards de dollars sur les six premiers mois de 2011 contre 3
milliards au premier semestre 2010, soit un bond de près de 60 %. Un chiffre
largement supérieur à la progression moyenne des importations algériennes qui
dépassent 16 %. Ces chiffres, rendus publics récemment par le Centre national
de l'informatique et des statistiques des douanes (Cnis),
indiquent une forte augmentation de 99 % des achats de céréales, de 93 % pour
les produits laitiers, de 48% pour les produits à base de sucre, de 21% pour
les viandes. Les importations massives de céréales, semoules et farines sont
passées de 1,02 milliard de dollars au 1er semestre 2010 à 2,04 milliards
durant la même période en 2011. En dépit de cette lourde facture alimentaire, le
ministre de l'Agriculture estime que son secteur a accompli beaucoup d'efforts
pour réduire les importations. "Dans de nombreuses filières agricoles, l'Algérie
n'importe plus et a réussi à atteindre l'autosuffisance alimentaire. Les
efforts se poursuivent pour renforcer la capacité de production des autres
filières", soutient M. Benaïssa. Le ministre
cite l'exemple des filières de la pomme de terre et de tomate qui ont, selon
lui, réalisé des résultats très positifs grâce à la synergie des efforts des
pouvoirs publics et des agriculteurs maraîchers. "La production annuelle
de la pomme de terre a atteint une moyenne de 95 kg/habitant en 2010, contre 57
kg/habitant, il y a quelques années. Nous tablons d'atteindre 108 kg/habitant
durant les prochaines années", escompte-t-il. Evoquant la filière de la tomate
industrielle, le ministre indique que l'encadrement des agriculteurs et l'introduction
de nouvelles technologies ont fortement soutenu la
production. "La confiance du président Bouteflika
est très grande en la capacité des agriculteurs, des éleveurs et des
industriels à relever le défi de la sécurité alimentaire", déclare-t-il.
M. Benaïssa se dit "satisfait du retour en
force des jeunes au secteur de l'agriculture ces dernières années". "Beaucoup
de jeunes sont intéressés par l'agriculture. Il suffit de se rendre aux agences
de l'ANSEJ pour s'en rendre compte", dit-il.
"L'année 2010, estime le ministre, a été une année importante pour le
secteur de l'agriculture car de nombreux problèmes de base, à l'image du
foncier, la difficulté d'accéder au financement et la relation entre les
secteurs agricole et industriel, ont été réglés". M. Benaïssa
estime qu'une exploitation efficace des terres agricoles nécessite la
conjugaison des efforts de l'ensemble des acteurs. "Certains milieux ont
enregistré quelques problèmes au début de la mise en application du dispositif
de la concession des terres", admet le ministre. "Sur 300.000 hectares
de terres mises en valeur, près de 60.000 hectares ne
sont pas exploités à cause du manque d'eau ou d'électricité", révèle le
ministre. Interpellé sur la menace du béton qui a tendance à se proliférer sur
les terres agricoles, le ministre répond que "la réglementation en vigueur
protège efficacement les terres agricoles". Interrogé sur la possibilité
de produire localement des produits à l'image du sucre, de l'huile et du coton,
le ministre soutient qu'"il est très possible de le faire car la
technologie et les infrastructures sont disponibles. Il suffit que les
investisseurs s'y intéressent et soient convaincus que ces créneaux sont
rentables". "C'est le cas dans la filière lait qui attire de plus en
plus d'investisseurs, du fait de sa forte rentabilité", explique-t-il, relevant
l'existence d'études de faisabilité sur la production localement de certains
produits de large consommation.