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Abbas ira-t-il au bout de sa démarche?

par Kharroubi Habib

Apparemment, Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne qu'il préside s'en tiennent fermement à l'option du recours à l'ONU, à laquelle ils ont l'intention de demander la reconnaissance internationale de l'Etat palestinien et son adhésion pleine et entière en tant que membre de l'organisation.

 Cependant, d'ici au 20 septembre, date à laquelle le président palestinien remettra en principe la requête au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, il est à prévoir que des pressions multiples et très fortes vont être exercées sur la direction palestinienne pour tenter de la faire renoncer à sa démarche auprès des Nations unies.

 Il est vrai que par leur initiative annoncée, les Palestiniens ont fait bouger les lignes dans un sens qui n'est pas celui auquel s'en tiennent Israël, leur allié stratégique l'Amérique et les Etats occidentaux, acquis au principe que seule la négociation directe entre Palestiniens et Israéliens constitue la voie à la solution de leur conflit.

 Israël et les Etats-Unis ont fait savoir qu'ils s'opposeront fermement à la démarche palestinienne. Washington a d'ailleurs d'ores et déjà fait savoir que les Etats-Unis mettront leur veto au Conseil de sécurité à la demande palestinienne. Mais avant même d'en arriver là, les alliés de l'Etat israélien fourbissent des stratagèmes destinés à faire miroiter aux Palestiniens qu'il est possible de surmonter le blocage total du processus de paix israélo-palestinien sans recourir à « l'extrémité » consistant pour eux à en appeler aux Nations unies.

 Le premier a eu pour concepteur le président français Nicolas Sarkozy, qui, sans rejeter frontalement l'opinion de la direction palestinienne, essaie néanmoins de la contrecarrer en voulant substituer à la scène onusienne celle d'une conférence internationale, dont les conclusions ne vaudront en aucune façon reconnaissance officielle de l'Etat palestinien.

 Les Palestiniens n'ont pas été dupes de la manœuvre, même s'ils ne lui ont pas opposé de refus catégorique, par souci de démontrer qu'ils ne sont pas fermés à la recherche d'une véritable initiative en mesure de relancer le processus de paix gelé par l'entêtement et l'intransigeance de l'Etat sioniste. L'initiative française n'a pas de chance d'aboutir, non pas tant parce que les Palestiniens n'ont manifesté aucune chaleur à son égard, mais du fait que les Etats-Unis et Israël ne la soutiennent pas.

 C'est pour Mahmoud Abbès dans le but de torpiller la démarche onusienne et toute autre voulant élargir le cadre du tête-à-tête israélo-palestinien, auquel ils tiennent en tant qu'unique voie, que les autorités israéliennes ont fait semblant d'accepter la perspective de la reconnaissance d'un Etat palestinien sur les frontières de 1967, en y ajoutant tout de même qu'il faudra corriger ces frontières par des échanges de territoires.

 Mais pour cela, Benjamin Netanyahu et son gouvernement exigent que les Palestiniens renoncent à aller devant l'ONU. C'est qu'Israël sait parfaitement qu'une reconnaissance internationale de l'Etat palestinien sur les frontières de 1967 remettra totalement en cause les prétentions annexionnistes sur lesquelles il s'appuie pour perpétuer ses colonies en territoire palestinien et poursuivre leur extension. Que cette reconnaissance rendra du même coup illégale sans ambiguïté l'occupation israélienne en territoire palestinien. Ce qui contraindrait la communauté internationale à cesser de cacher sa passivité, ou pour certains de ses membres leur coupable complicité avec un Etat dont le comportement piétine le droit international, la morale et les libertés des peuples, dont les Nations unies sont censées être le gardien et le défenseur.

 Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne s'en tiendront-ils à leur détermination affichée ? Il faut l'espérer pour la cause du peuple palestinien.