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L'avenue de Choupot fait le plein le soir

par Salah C.

Depuis le début de Ramadan, un important dispositif de sécurité est à pied d'œuvre de 21h jusqu'à une heure tardive de la nuit au niveau de l'avenue de Choupot, l'une des artères les plus commerçantes de la ville d'Oran et où durant plusieurs années des voleurs à la tire ont fait plusieurs victimes.

Les commerçants ainsi que les centaines de clients qui prennent d'assaut les magasins et les centres commerciaux sont unanimes pour dire que cette année, ils sont plus rassurés en raison de la présence très remarquée de policiers patrouillant à deux et ce tout le long de l'avenue. Mais leur tâche pouvait être plus aisée si d'une part les trottoirs n'étaient pas occupés par les marchands ambulants et de l'autre par le fait que le stationnement alternatif tel que mentionné par deux plaques de signalisation datant depuis plusieurs années n'est pas respecté par les nombreux automobilistes. D'ailleurs, les bouchons n'ont finissent pas jusqu'à une heure tardive de la nuit. Pourtant, il a été question il y a quelques années d'en faire en nocturne une artère piétonnière durant le Ramadhan.

Les deux côtés pleins, ce sont les ruelles adjacentes qui attirent la clientèle avec l'ouverture de plusieurs échoppes et magasins de confection, de bonneterie et de prêt-à-porter. A ce commerce florissant sont venues se greffer de nombreuses pizzerias et autres fast-foods qui pour la circonstance se ont reconvertis dans la vente de gâteaux spécial Ramadhan en offrant en même temps un espace de halte. L'afflux est tel que pour certains magasins, ils font entrer les clients par vagues pour éviter que des clients sortent sans passer à la caisse et par conséquent deux chaînes se dressent dehors, l'une pour les hommes et l'autre pour les femmes, d'ailleurs plus nombreuses. Même afflux devant les magasins de chaussures ou en plus des vitrines, des centaines de modèles sont suspendus en guirlande.

Pour la seconde année consécutive, les hasards du calendrier ont été cruels pour l'écrasante majorité des familles contraintes de faire face aux dépenses de la rentrée scolaire et de l'Aïd. Depuis plus d'une semaine, c'est la ruée vers les échoppes, les bazars et les marchés versés dans l'habillement à travers tout Oran. Sans conteste, l'avenue de Choupot est devenue l'attraction des familles en provenance même des quartiers est de la ville du fait que l'activité commerciale se tient notamment après le f'tour, contrairement à M'dina Jdida. Dans cette artère, les mères de familles ont l'embarras du choix et ont en pour leur argent, mais s'attachent à la recherche du vêtement beau, solide, mais surtout pas cher. Des jeans pour enfant de 4 ans sont proposés à 1.400 DA. Sa mère est stupéfaite, elle qui a trois enfants dont deux scolarisés. Le produit lui plaît et sait qu'elle ne pourra pas l'avoir ailleurs moins cher, mais tente sa chance en disant au vendeur de lui faire un prix raisonnable du fait que certains de ces produits l'intéressent aussi.

Une autre dame négocie avec le jeune vendeur une éventuelle réduction du coût d'un pull pour adolescent, proposé à 700 DA, son objectif est de l'avoir à 500 en faisant descendre la barre jusqu'à 400, le vendeur réagit et lui dit : «dernier prix 600 DA, à prendre ou à laisser». La bonne femme ne désespère pas et arrive enfin à l'avoir à 550 DA. Elle nous dira que dans les centres commerciaux ou les bazars, il est difficile de négocier le prix, alors que dehors les mêmes produits sont vendus moins chers et grignoter quelques dinars par-ci et d'autres par-là vous permettent de faire face à d'autres dépenses aussi pressantes les unes que les autres. Selon la dame, les Algériens sont de «bons consommateurs» qui recherchent de plus en plus la qualité ; ce qui est en soi «une bonne chose». Seulement, assure-t-elle plus loin, les prix affichés dans les magasins et les autres «points de vente légaux», à la veille de l'Aïd, sont loin de correspondre à l'état réel des salaires. «Les gens se mettent alors à chercher des produits conformes à nos bourses», conclut-elle.