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Le
train imprimé au processus des réformes politiques par le chef de l'Etat est
trop lent, au goût de certains acteurs politiques. Au point que certains
d'entre eux en sont à douter de la sincérité des intentions réformatrices du
pouvoir et à fustiger la lenteur mise à lancer les réformes annoncées comme une
manœuvre tactique destinée à lui faire gagner du temps, dans l'espoir
qu'interviennent des évolutions et des développements dans le contexte régional,
propices à une marche arrière sur les engagements pris par lui sous la pression
des exigences de changement qu'a fait souffler le «printemps arabe».
Cette arrière-pensée n'est pas absente de la façon dont Bouteflika gère le dossier des réformes. Contrairement à Mohammed VI qui n'a mis que quelques semaines pour rendre effectives les promesses de réformes constitutionnelles faites par lui au peuple marocain, le président de la République chez nous prend tout son temps. Au point que l'on ne sait plus si la question des réformes politiques fait partie des priorités inscrites dans son agenda de travail en ce mois de ramadhan. Le silence présidentiel sur le sujet soulève des interrogations auxquelles ne répond aucune explication officielle. Il y a que, si dans les sphères du pouvoir l'on s'est ancré dans la conviction que la situation interne de l'Algérie autorise à la temporisation sur les réformes politiques, cette situation risque de prendre une tournure qui va contraindre à l'accélération du processus. Les révoltés qui ont été à l'origine du « printemps arabe» n'ont pas fait d'émules en Algérie. La contestation politique qui s'est exprimée dans le pays en écho à leurs révoltes en Tunisie, en Egypte et ailleurs dans le monde arabe a été trop faible dans son ampleur. Si elle a tout de même poussé le pouvoir à parler de réformes politiques, elle n'a pu le forcer à impliquer franchement la classe politique et la société civile dans la détermination des réformes à faire. Ce que l'onde de choc du « printemps arabe» n'est pas parvenue à faire concéder au pouvoir, celle de la crise financière et économique internationale qui secoue la planète le réussira probablement. Il y a que dans ses calculs, le pouvoir algérien n'a nullement prévu ce scénario de la crise financière, dont l'impact sur l'Algérie sera qu'il risque d'être brutalement privé de sa « force de frappe » sur laquelle il compte pour endiguer et faire taire la contestation populaire et l'exigence du changement. Un retournement qui obligerait Bouteflika à se départir de la lenteur qu'il met à faire entrer le pays dans l'ère du changement. Le président de la République s'est toujours voulu le «maître du temps» en chaque circonstance et échéance vécues par le pays. Une posture dont il a usé et abusé s'agissant de la question des réformes politiques. Il a trop présumé de son pouvoir à plier le temps à ses calculs politiques. La tempête qui menace le pays l'oblige à réviser sa gestion du processus des réformes, et ce en accélérant le train. Faute de quoi, les échéances fixées par lui en seront bouleversées par des évènements auxquels il ne s'est pas préparé et dont il n'a pas tenu compte dans la fixation du calendrier des réformes. |
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