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Malgré les assurances du ministre: Des insuffisants rénaux en danger

par Mokhtaria Bensaâd

Aujourd'hui, mon fils est dans un état lamentable. Depuis qu'il s'est réveillé, il n'arrête pas de vomir. Son visage est pâle, sa santé est très fragile. Je n'arrête pas de lui donner du Primpéran mais sans résultat.

Il devrait être sous dialyse cyclique ambulatoire mais depuis que cette pénurie de poches péritonéales s'est déclenchée, je lui place une seule par jour au lieu de la changer cinq fois dans la journée. Son sang n'a pas été donc purifié. C'est ce qui provoque ces vomissements chez lui, nous dira ce père de malade d'une voix triste. Ne trouvant aucun moyen pour soulager la souffrance de son fils malade, il a tenu à exprimer ce qu'endurent les insuffisants rénaux et leurs proches depuis une quinzaine de jours sans poches. Pour lui, il est insupportable de voir son fils agoniser sans pouvoir faire quelque chose. « Mais le plus dur pour moi, dira-t-il, est d'entendre le ministre de la Santé lui-même démentir l'existence de toute pénurie dans ce sens. Les malades sont en train de mourir sans ces accessoires et rien n'a été fait jusqu'à présent pour les prendre en charge et c'est malheureux ».

 Ils sont nombreux ces pères et mères de familles à demander aide et assistance pour leurs enfants ou leurs proches souffrant d'insuffisance rénale. Ils ne cessent de dénoncer cette situation. Le président de la fédération des insuffisants rénaux a déjà lancé un appel au ministre de la Santé afin d'inscrire ces poches dans la nomenclature des médicaments en vue d'éviter les pénuries fréquentes de ces équipements nécessaires au malade. Il s'agit d'accessoires médicaux utilisés par les insuffisants rénaux dont les artères et les veines ne répondent plus à la méthode classique de dialyse. Une prothèse artificielle qui sert de raccordement entre la veine et l'artère utilisée pour une dialyse cyclique ambulatoire, a expliqué le président de la fédération. Elle coûte au malade 2.000 DA pour une seule opération non couverte par la sécurité sociale contrairement à l'hémodialyse qui se déroule dans les hôpitaux et coûte à la caisse de sécurité sociale 6.500 DA la séance. Chaque malade a besoin de 10 poches par jour. Ces poches qui sont distribuées tous les trois mois doivent être conservées dans des pièces spéciales à une température ambiante mais souvent ces conditions ne peuvent être observées par les malades souffrant d'un problème de logement.

Le président de la fédération a déploré le manque d'intérêt voué à la production de ce genre d'équipements par l'industrie pharmaceutique locale ajoutant que l'approvisionnement est assuré par deux importateurs seulement. Il a aussi mis en garde les malades contre les médecins qui recommandent aux malades de réduire le nombre de poches en raison des pénuries. Une recommandation qui peut mettre la vie des malades, au nombre de 300, selon l'association algérienne de néphrologie, en danger.

Un laboratoire importateur de ces poches a imputé les raisons de cette pénurie aux mesures relatives au crédit documentaire.