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Un été chaud pour les malades chroniques. Les pénuries répétées des
médicaments, ces derniers mois, pèsent lourd sur la santé de ces patients au
point de pousser certains d'entre eux à manifester leur colère dans la rue.
C'est le cas des malades atteints du sida qui ont organisé, jeudi, un rassemblement devant le siège de l'Association de protection contre le sida (APCS) pour protester contre le manque des antiviraux utilisés dans le traitement de la trithérapie. Elles étaient plus d'une dizaine de femmes à participer à ce regroupement pour crier leur détresse devant cette situation qui dure depuis plus de trois semaines au niveau du service infectieux. Munies de banderoles où on pouvait lire «nous sommes en danger de mort», «médicament égale une vie» ou encore «où sont les responsables concernés ?», les manifestants ont tenu à déposer une lettre, accompagnée d'une pétition signée par une centaine de malades sidéens, à l'association pour lui demander de nouveau de mener une action en justice. Poursuivant leur combat, les manifestants, qui ont voulu, cette fois-ci, briser la glace et exprimer publiquement leur désarroi, ont décidé, lors de ce rassemblement, de tenir demain dimanche un sit-in devant la direction générale du CHUO. Soutenus par leur association, les malades du VIH ne comptent pas baisser les bras, affirmant que cette pénurie des antiviraux se pose uniquement à Oran sans aucune explication sur l'origine de cette rupture de stocks. Même situation pour les insuffisants rénaux. A cause d'une pénurie de poches péritonéales pour une dialyse cyclique ambulatoire qui dure depuis plus d'une dizaine de jours, les malades agonisent, nous dira le père d'un malade contacté hier. «La situation se complique de jour en jour pour ces patients. Leur état est très grave et nous ne savons plus à qui s'adresser. Au CHUO ainsi qu'à la pharmacie centrale, nous n'avons eu aucune réponse», a déclaré notre interlocuteur. Le problème ne se pose pas uniquement à Oran. Au niveau national, les insuffisants rénaux, représentés par la fédération des insuffisants rénaux, dénoncent le manque des accessoires médicaux et des poches péritonéales utilisées par les malades dont les artères et les veines ne répondent plus à la méthode classique de dialyse. Le président de la fédération, cité par l'APS, a lancé un appel au ministre de la Santé pour inscrire ces prothèses sur la liste des équipements médicaux hospitaliers spécialisés afin d'éviter les pénuries devenues fréquentes et qui peuvent avoir des conséquences graves pour les malades. Il s'agit de poches qui coûtent au malade 2 000 DA pour une seule opération non couverte par la sécurité sociale, contrairement à l'hémodialyse qui se déroule dans les hôpitaux et coûte à la Caisse de sécurité sociale 6 500 DA la séance. Le président de la fédération a également déploré le manque d'intérêt voué à la production de ce genre d'équipements par l'industrie pharmaceutique locale, ajoutant que l'approvisionnement est assuré par deux importateurs seulement. Chaque malade a besoin de 10 poches par jour. Ces poches qui sont distribuées tous les trois mois doivent être conservées dans des pièces spéciales à une température ambiante mais souvent ces conditions ne peuvent être observées par les malades souffrant d'un problème de logement. Il a tenu, d'autre part, à mettre en garde les malades contre les médecins qui recommandent aux patients de réduire le nombre de poches en raison des pénuries. Une recommandation qui peut mettre la vie des malades en danger, a-t-il estimé. Selon le président de l'association algérienne de néphrologie, le Pr Tahar Riane, cité par l'APS, 300 patients à travers le pays attendaient avec impatience d'être approvisionnés par la pharmacie centrale des hôpitaux. Pour le laboratoire BAXTERE, importateur de ces poches, cette pénurie enregistrée ces derniers jours est due aux mesures relatives au crédit documentaire. Le laboratoire, seul fournisseur de la pharmacie centrale des hôpitaux, s'est toutefois engagé à approvisionner régulièrement en poches et équipements pédagogiques les médecins et infirmiers qui prennent en charge cette catégorie de malades. Le responsable du laboratoire a affirmé, dans une déclaration à l'APS, que les poches péritonéales se trouvaient actuellement au niveau des Douanes et qu'elles seront disponibles «dans les prochains jours». D'autres pénuries de médicaments sont aussi signalées au niveau des hôpitaux. L'adrénaline, les produits anesthésiques et même le sérum salé sont introuvables et ce sont les malades qui payent les frais de ces ruptures de stocks qui restent toujours inexpliquées. |
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