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Tlemcen: Le gnawi enflamme le théâtre de verdure de Koudia

par Allal Bekkaï

Le festival international de la musique diwan, qui a pris fin mardi dernier, a drainé la grande foule au théâtre de verdure (2000 places) de Koudia, qui vola à cette occasion la vedette au Grand-Bassin. «Cette 4e édition aura été une gageure puisque les préparatifs ont été entamés à partir de mai, mais nous avons gagné le pari», nous dira M. Mourad Chouihi, commissaire du FIMD.

La soirée du dimanche (la quatrième) fut animée par le groupe Sara de Bechar et Band of gnawa de Paris. Les fils de la Saoura ont interprété du koyo-bongo (diwan traditionnel) via une série de «abradj» (danse et djedba), avec en final une khatima illustrée de «Sidi Belahmar».

Des éléments du groupe Sidna Boulal de Tindouf (qui devait passer le lendemain) n'ont pas résisté à la tentation du rythme en exécutant en bas de la scène des pas de danse «sympathique». Le groupe est composé de 8 membres (1 au gnibri, 6 aux crotales «qarqabou» et un à la «claque») arborant une tenue en soie. Deux maâlems se relayaient (au gnibri) à la direction (mhalla) du groupe. Il s'agit de Boudjemâa Kasri (en blanc) et Abdennour Mezzar (en grenat). Le dit groupe relève de l'association éponyme culturelle du folklore et d'art noujoum de Bechar.

Quant à Band of Gnawa, il a présenté un spectacle genre gnawa-rock, animé en alternance par un tandem, le Tunisien (d'origine) Akram Sedkaoui (rock) et le Marocain Hassène Boussou (gnawi). Ce dernier, natif de Casablanca, éduqué selon les préceptes de la tradition gnawa par son père, le regretté maâlem Hmida Boussou, rejoindra ce groupe en 2009 dans le cadre d'une fusion. Tissé entre Paris et Essaouira, ce projet rend hommage au fameux groupe «Band of Gypsys» créé par Hendrix en 1969, qui a été directement influencé par les musiques du Maghreb et plus particulièrement par celle des Gnawa. Formé de neuf musiciens, Band of Gnawa revisite quelques mythiques standards rock (Come together, Who knows, Gallows pole...) en une fusion gnawa-rock.

Avec Loy Ehrlich à la direction musicale et au gumbass (gnibri «hybride»), Louis Bertignac à la guitare électrique, Cyril Atef à la batterie, Akram Sedkaoui au chant lead rock et Hassène Boussou au guembri ( avec un petit tam-tam en extra) exécuteront un chant accompagné de quatre gnaoua marocains d'Essaouira aux chœurs, danse et qarqabou : Abdellatif Ramni, Amine El-Allouki, Hicham Aït Salah, Simo Boumazzough (portant une chéchia virevoltante).

Il convient d'indiquer que onze groupes locaux et étrangers (dont 4 primés au dernier festival de Bechar) ont défilé sur la scène lumineuse du TVK à l'occasion de cette édition qui a duré 6 jours (du 21 au 26 juillet). Ce sont ONB de Paris, Bilel Bouhadjar de Aïn Témouchent, Amar Sundy, Ouled el-hal, Maâlem Hassen, Sara de Bechar, Band of gnawa, Sidna Boulal de Tindouf, University of gnawa et Aziz Samhaoui, Ousfane de Constantine, Fanga et Maâlem Guinea.

Organisé traditionnellement à Alger, le FICD a été abrité exceptionnellement par Tlemcen à la faveur de la manifestation culturelle de 2011.

Par ailleurs, côté sécurité, on a relevé un déploiement important de policiers et d'agents de sécurité à l'entrée et à l'intérieur du site. Les gradins étaient divisés en deux : une aile réservée aux familles et une autre pour les jeunes (issus en majorité du quartier populeux de Koudia), dont certains «parasitaient» le spectacle par des comportements déviants. Le public ainsi que les hôtes émiratis en ont eu un avant-goût lors de la clôture du Festival international des danses populaires. Veillant inlassablement au grain, l'infatigable Khodja du comité exécutif ne manquait pas d'intervenir illico presto pour «nettoyer» les gradins et expulser manu militari les trouble-fête.