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La Royal Air Maroc (RAM) traverse une très
mauvaise passe. Des informations en provenance de la compagnie font état d'une
situation financière catastrophique. Certains au sein de la RAM affirment qu'il risque de
ne plus y avoir d'argent pour payer
le personnel d'ici décembre 2011. La compagnie a engagé une procédure de départ volontaire portant sur 1.200 postes sur 5.000. Elle n'écarte pas aussi l'arrêt de 11 avions. Un sombre tableau de la situation de la compagnie aérienne marocaine a été esquissé lors de la réunion en fin de semaine, du PDG Driss Benhima avec les représentants des centrales syndicales pour leur expliquer la gravité de la situation traversée par la compagnie et l'urgence de trouver des solutions. La RAM connaît l'une des pires crises financières. Déjà, fin mai dernier, une réunion entre la direction et le syndicat avait décidé de réduire la voilure pour 2011 et de geler le dialogue social, qui devait aboutir à une hausse des salaires du personnel. La situation n'a guère évolué depuis. Elle a même empiré. Le «printemps arabe» et l'effet de l'attentat de l'Argana se sont fait sentir. La RAM est obligée également de ramer dur pour ne pas sombrer dans une faillite financière induite notamment par la hausse des prix du pétrole. Scénario catastrophe En fait plus des facteurs «géopolitiques» avec les changements politiques brusques dans plusieurs arabes, la mauvaise passe s'explique également par la hausse du prix du baril, indiquent des sources au sein de la RAM. Le compte d'exploitation (2010-2011) de la compagnie avait tablé sur un prix plancher budgétisé à 81 dollars le baril, alors que les prix oscillent depuis quelques semaines avec les 125 dollars. La moyenne sur les derniers mois le situerait autour de 115 dollars. Ce qui a entraîné une hausse de 42% de la facture carburant de RAM. Et des pertes sèches hebdomadaires de 20 millions de dirhams du fait de la hausse du coût du kérosène. Autre mauvaise nouvelle : le trafic a baissé de manière sensible, après l'attentat de l'Argana, à Marrakech. La baisse du trafic a été de 11% durant le mois de mai. Enfin, la RAM pointe du doigt la forte concurrence des low-cost. «Lorsque l'Etat a libéralisé le ciel, il n'a pas tenu compte des intérêts du transporteur aérien» dit-on au sein de la compagnie. La concentration massive de la concurrence (Air Arabia, Jet4you, Easyjet ou encore Ryanair) sur le hub de Casablanca est vivement contestée. Une situation qui remonte à 2008-2009, date à laquelle la compagnie a enregistré les premiers fléchissements du trafic suite à l'open sky. Le patron de Royal Air Maroc, Driss Benhima, estime que les problèmes de la compagnie ne sont pas seulement liés à la conjoncture. Il estime que les «fondamentaux» de la RAM ne sont plus adaptés à l'évolution du marché et que les efforts de réduction des coûts de production (moins 19% en 8 ans) ont été rattrapés par la chute des tarifs (- 26%) du fait «de la grande réussite de la politique d'ouverture du ciel marocain». Les syndicalistes sont plus directs. «L'Etat aurait dû imposer aux nouveaux entrants de s'installer dans des zones touristiques telles que Marrakech, Essaouira, Ouarzazate ou encore Errachidia», explique l'un d'eux en relevant que la plupart des pays où s'activent les low-cost imposent des aéroports secondaires ou des provinces éloignées pour désenclaver et couvrir l'arrière-pays. Le pire plus «proche qu'on ne le pense» Pour les syndicalistes de la RAM, «l'Etat doit assumer ses responsabilités vis-à-vis de la compagnie nationale, à travers la mise en place d'une série de mesures urgentes». Pour le PDG de la compagnie, il n'y a plus beaucoup de solutions pour sauver la RAM de la banqueroute. ?'Soit la compagnie se réajuste, et l'Etat l'aide pour cela et dans dix ans le Maroc pourrait avoir la première compagnie africaine, soit elle est laissée dans la situation actuelle et dans ce cas, l'issue fatale et inéluctable est bien plus proche qu'on ne le pense», a-t-il averti récemment à travers le journal marocain Le Soir. «Le fonds de commerce et la notoriété de la RAM sont des fondamentaux préexistants à la situation actuelle. Nous avons simplement épuisé notre capacité interne à poursuivre la nécessaire restructuration et nous sollicitons l'aide de l'Etat. Les événements géopolitiques récents accélèrent les besoins d'une réforme rapide et profonde». |
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