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La Norvège était, hier samedi, en état de choc après les deux attentats de vendredi
qui ont fait un bilan provisoire de 91 morts. Après des spéculations sur une
prétendue piste islamiste, l'enquête, a rapidement révélé que l'auteur du
double attentat est un Norvégien de souche, un «intégriste chrétien», proche de
cette extrême droite qui est en train d'essaimer en Europe.
L'homme qui répond au nom d'Anders Behring Breivik a été arrêté et inculpé et semble avoir minutieusement préparé le pire carnage qu'ait connu la Norvège depuis la seconde guerre mondiale. Un premier attentat à la bombe a dévasté un quartier d'Oslo qui abrite le bureau du Premier ministre travailliste Jens Stoltenberg faisant au moins sept morts. L'explosion a été entendue à plusieurs kilomètres de là et a littéralement soufflé les fenêtres du bureau du Premier ministre qui ne se trouvait pas sur place. Mais le pire s'est déroulé sur l'île d'Utoya, près de la capitale, où se déroulait un rassemblement des jeunes partisans du parti travailliste. L'auteur de l'attentat, déguisé en policier, se présente au niveau de l'île pour, prétend-il, assurer la sécurité des participants après l'explosion d'Oslo. Il a poussé ses victimes à se rassembler dans un hall et a commencé à massacrer les participants. 85 morts selon le dernier bilan officiel. Les participants à la réunion dans cette petite île qui ne fait pas plus de 500 mètres se sont retrouvés piégés. Deux longues heures de carnage Durant deux longues heures, le suspect a fait avec détermination la chasse aux survivants qui se cachaient comme ils pouvaient dans les rochers ou bien se sont jetés à l'eau pour essayer de rejoindre le continent. Deux heures de tuerie avant l'arrivée des forces de sécurité qui ont procédé à son arrestation. La très verte Utoya est devenue durant deux longues heures l'île de la mort. La police disait poursuivre ses recherches d'éventuelles victimes dans les eaux du lac. Elle a souligné également que le bilan de l'attaque d'Oslo n'était peut-être pas « définitif » au « vu l'explosion et l'impact qu'elle a eue, nous ne sommes pas certains que le bilan soit définitif ». Selon des informations, l'auteur de l'attentat dirige une entreprise agricole et a pu à ce titre acheter des quantités suffisantes de matières entrant dans la confection de la bombe. Signe d'une préparation minutieuse, la police annonce avoir découvert à Utoya, des explosifs non détonés. Directement ciblé par l'attentat d'Oslo, le Premier ministre norvégien, Jens Stoltenberg. « Jamais depuis la seconde guerre mondiale, notre pays n'avait été frappé par un crime de cette ampleur", a-t-il déclaré hier en qualifiant les attaques de "tragédie nationale". "C'est un cauchemar", a-t-il ajouté, en évoquant "la peur, le sang et la mort" rencontrés par les jeunes sur l'île Utoya. La piste islamiste évoquée notamment par le New York Times sur la base d'une revendication d'un groupe islamiste a tenu quelques heures seulement. La personne arrêtée est un Norvégien de souche, blond, « intégriste chrétien », antimusulman et proche de l'extrême droite". «Conservateur», «chrétien» et «chasseur» Les éléments postés sur internet par Anders Behring Breivik ne laissent guère de doute sur ses penchants politiques et sa détestation des musulmans. Sur son profil Facebook, l'homme se dit "conservateur", "chrétien", célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux tels que "World of Warcraft" et "Modern Warfare 2". Son dernier message sur twitter semble clairement annoncer une volonté de passer à l'acte en postant une citation du philosophe britannique John Stuart Mill. « Une personne avec des convictions est aussi forte que 100 000 personnes qui n'ont que des intérêts ». Les jeunes participants à l'université d'été du parti travailliste sur l'île d'Utoya ont subi dans le sang les effets de cette terrible détermination à tuer le maximum de personnes. Au niveau international, la dénonciation est unanime. Mais les Norvégiens, déboussolés de découvrir que l'auteur du carnage n'est pas venu « d'ailleurs », se posent des questions sur les raisons de son acte. La complaisance générale à l'égard des idées d'extrême droite sur fond d'islamophobie banalisée est une des pistes à explorer. |
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