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Ce qui n'était qu'une prévision pessimiste en mai, vient de se confirmer
à travers les déclarations du ministre tunisien du Tourisme, Mehdi Haouas, concernant l'échec de cette saison estivale.
Ce constat s'impose de lui-même après la désaffection des touristes étrangers, principalement les Algériens, qui ont préféré faire l'impasse sur la destination «Tunisie» notamment à cause de problèmes liés à l'insécurité. Malgré une campagne médiatique menée par Mehdi Haouas, qui a coûté 60 millions d'euros au gouvernement de Beji Caïd Essebsi, et son engagement à sauver la saison estivale, le moins que l'on puisse dire, c'est que les retombées sont dérisoires. Pour le ministre tunisien du Tourisme, cette saison reste la pire dans l'histoire de la Tunisie à tel point qu'il soulignera que si la moitié des rentrées de devises sont enregistrées, par rapport à l'année dernière, le résultat peut-être qualifié de positif. Mehdi Haouas, qui avait promis de démissionner en cas de son incapacité à redresser le secteur du tourisme en l'espace de quatre mois, se retrouve en face d'une réalité composée par le retrait notable du nombre des touristes algériens, on avance le taux de 90%, qui ont privilégié, cette année, le tourisme domestique à leurs séjours dans les différentes stations balnéaires tunisiennes, principalement à Sousse et Marsa Kantaoui, réputées être une destination prisée des Algériens. Selon l'aveu d'un hôtelier de la région, peu de touristes algériens ont réservé pour cet été alors que les années passées les réservations étaient faites plus tôt. Les nouvelles rapportées de Tunisie par des familles victimes d'agression ont découragé les éventuels touristes en partance vers ce pays, changeant d'avis à la dernière minute de peur de vivre pareilles mésaventures. Zine, 44 ans, cadre dans une entreprise de construction, avoue avoir changé de décision, alors qu'il avait prévu de se rendre en Tunisie, par route, à la lecture de comptes rendus de la presse sur les agressions de touristes algériens sur les routes tunisiennes dont les auteurs appartiendraient au corps de la police. Des informations réfutées par les officiels tunisiens qui ont tenu à rassurer les touristes sur le degré de sécurité atteint. Outre les Algériens, premiers pourvoyeurs du tourisme tunisien, la situation en Libye a également pesé de tout son poids sur une saison morose alors que les prévisions futures n'augurent rien de bon. Mehdi Haouas a préconisé une révolution du tourisme tunisien à travers sa refonte dans un moule créatif et une promotion d'un produit économe et d'une destination post-révolution. Plus de 130 établissements hôteliers ont déjà mis la clef sous le paillasson et environ 2.000 salariés du secteur ont été licenciés au 10 juin dernier. Cette situation, outre la Tunisie, a également touché l'Egypte puisque des hôtels égyptiens étaient occupés à 30% en avril contre plus de 90% un an plus tôt. Les lendemains des révoltes populaires vécues par ces deux pays, à fort potentiel touristique, ont plombé, sérieusement, le secteur post-révolution, hypothéquant par là les substantielles rentrées de devises fortes. Pourtant cette désaffection, somme toute temporaire, ne semble pas profiter à l'Algérie en butte, d'un côté, à un manque chronique d'infrastructures d'accueil et, de l'autre, à la menace terroriste d'Aqmi qui a pris en otage le Sud touristique par le truchement d'opérations ponctuelles de rapt de touristes étrangers. Pourtant le ministre du Tourisme, Smaïl Mimoune, a assuré que le gouvernement «n'a, à aucun moment, envisagé de tirer profit de la situation générée par les troubles en Tunisie et en Egypte», une déclaration qui a le goût d'un aveu officiel sur l'incapacité de l'Algérie à prétendre remplacer les deux destinations dans le calendrier des tour-opérateurs européens. |
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