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Leur fonction est
complètement différente. Le Parc national est délimité pour consacrer la
conservation in situ des richesses naturelles paysagères, animales, végétales, géologiques
ou archéologiques. Le parc zoologique est réalisé pour assurer une conservation
ex situ et exposer au public, dans des enceintes confinées, un échantillon
d'animaux de contrées lointaines, si possible exotiques (lion, panthère, éléphant,
ours?). L'un est forcément localisé dans des territoires peu ou pas habités et
fonctionne en autonomie totale; l'autre à une vocation plutôt urbaine pour des
raisons de commodités: proximité, facilité d'accès, gestion permanente des
animaux en cage et nécessite alors un personnel et un budget conséquent.
Alors qu'est-ce qui a bien pu pousser le wali d'El-Tarf à créer un parc zoologique en pleine nature, au sein même du Parc national d'El-Kala? Des centaines de chênes-lièges ont été abattus au bulldozer, des routes ont été ouvertes dans des collines jusque-là tranquilles, des murs de parpaings ont été dressés sur des centaines de mètres, dans les forêts de Brabtia, une carrière a été ouverte au milieu de bois centenaires; tout ça pour exposer au public des animaux en cage. Y avait-il besoin de le faire à cet endroit ? Au sein d'une zone classée sauvage alors que du terrain existe ailleurs. Quand on sait le cortège de perturbations que ce projet va générer: pollution sonore, pollution lumineuse, dérangement permanent par le public, présence incongrue de murs et de bâtiments en pleine forêt, on se demande quel est le «génial inventeur» de ce projet absurde. D'autant plus que le petit parc animalier qui existait déjà à cet endroit s'est soldé par la fin triste des quelques animaux qui s'y trouvaient, morts de faim et de maladies, faute de budget approprié pour leur acheter la nourriture et les médicaments. Il y avait à cet endroit aussi une réserve de 400 ha, spécialement aménagée pour le repeuplement du cerf de Barbarie ; animal emblématique de notre pays, le seul cerf d'Afrique qui a complètement disparu de nos forêts. Pour faire place au zoo, les précieux et derniers individus reproducteurs en semi captivité viennent d'être relâchés dans la nature à la merci des braconniers. Après les dunes de la plage Vergès, ce sont les forêts de Brabtia qui goûtent à la musique des moteurs des engins de terrassement. J'oubliais une chose importante : les routes ouvertes en pleine forêt de chênes-lièges ont été encadrées par de belles lignes de? palmiers Washingtonia ! Encore une absurdité qui piétine les principes de base de la conservation in situ. Pauvre Parc national d'El-Kala qui a suscité de nombreuses vocations parmi les étudiants d'Annaba et d'El-Tarf et qui est aujourd'hui, la proie d'une boulimie d'aménagements de la part d'autorités en panne d'idées. |
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