La France de Sarkozy propage une nouvelle diversion dans le débat sur la question
libyenne : le coût de la guerre. Un mensonge aussi gros que la cagnotte
libyenne détenue dans les banques européennes.
Quatre mois après le déclenchement de la guerre par les Occidentaux contre
le régime du colonel Kadhafi et ses armées, la question de sa légitimité et de
sa poursuite oppose une partie des pays africains et arabes aux Occidentaux. Ces
derniers ne font aucun mystère sur l'objectif de l'offensive contre la Libye: la chute de Kadhafi
et son régime politique. Et dans cet affrontement les Occidentaux ne sont pas, contrairement
à la rumeur et propagande de leurs services secrets, pressés d'en finir. L'idée
diffusée ces dernières semaines et qui alerte sur le coût financier de cette
guerre est une grosse « tromperie ». Les alliés occidentaux n'ont pas déboursé,
en réalité, un seul euro dans cette opération. Car, faut-il rappeler que plus
de 150 milliards d'euros de la fortune personnelle de Kadhafi et sa famille, accumulés
dans les banques européennes sont sous séquestre ? Faut-il rappeler que les
fonds souverains de l'Etat libyen placés dans des banques européennes, avant la
guerre, sont estimés à plus de 250 milliards d'euros ? Enfin, est-il nécessaire
de signaler que le soutien logistique et armé aux rebelles libyens est, d'après
les propres déclarations des coalisés, facturé sur tous les avoirs de l'Etat
libyen, gelé par les Occidentaux ? Outre ces données, rappelons enfin que les
rebelles et Occidentaux contrôlent depuis le deuxième mois de la guerre (avril)
la production et la commercialisation du pétrole des ports de Benghazi et Misrata et dont les revenus servent,
en grande partie, à couvrir les frais de la guerre contre Kadhafi. Ainsi, la
guerre contre Kadhafi et son armée est non seulement financée par les Libyens
eux-mêmes, mais fait tourner également l'industrie de l'armement européen et
américain. « La guerre a déjà coûté 100 millions d'euros à la France », avancent les
officines de propagande française, « soit un million d'euros par jour »
précisent-elles. En plus du ridicule du montant et le mépris du coût en vies
humaines libyennes et autres victimes collatérales; en plus de la tragédie des centaines
de milliers de réfugiés dans les camps de fortune, faut bien se rendre compte
qu'un nouveau cap, celui du cynisme et de l'abjection, vient d'être franchi par
les coalisés, principalement, la
France de Sarkozy, pour mettre sous tutelle politique la Libye de «l'après Kadhafi». C'est
dans ce sens qu'il faut lire, certainement, la position officielle algérienne
qui insiste pour une «solution politique» à la crise en Libye. Il ne s'agit pas
de défendre le régime politique du colonel Kadhafi, mais de laisser les Libyens
décider, seuls, de l'avenir politique de leur pays. Quant au colonel
Kadhafi, il est clair qu'il lui est impossible d'envisager un quelconque retour
politique. Il devra négocier, en cas de survie, l'indulgence de la Cour pénale internationale. En
insistant sur une solution politique, l'Algérie prend les devants sur la
question libyenne, tant il est vrai qu'aucune guerre ne s'est jamais terminée
sans des «négociations et un accord politiques.» Peu importe les termes des
accords, qui en est vainqueur ou perdant, l'essentiel est que toutes les
sorties de guerres ont été l'aboutissement d'un «processus politique». La vraie
question est de savoir si la guerre contre le régime libyen est légitime, juste
ou pas. Sans revenir sur les raisons de la révolte des Libyens en mars dernier,
ni de l'influence du «printemps arabe» commencé en Tunisie, Egypte et ailleurs,
il nous faut constater, hélas, que la réaction de Kadhafi, aux manifestations
populaires, a été d'une violence inouïe, sans pareille ailleurs : Kadhafi a
insulté le peuple libyen et l'a bombardé, dès le premier jour de la révolte, à
coups de missiles et d'obus de chars. C'était donner l'occasion inespérée aux
Occidentaux, conduits par la
France de Sarkozy d'entrer, au nom de la légitime défense
d'un peuple martyrisé, directement dans le conflit et d'occuper une place
stratégique au Maghreb et en Méditerranée. Au fond, l'attitude du colonel
Kadhafi arrange bien les affaires et calculs occidentaux, en particulier, français.
Il est non seulement à l'origine de la guerre dans son propre pays, mais aussi
le principal obstacle «politique» au retour à la paix.