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Dans
son intervention en Conseil des ministres
consacrée au volet politique, le chef de l'Etat a estimé que les consultations
organisées à son initiative par la commission Bensalah
et le Conseil national économique et social (CNES) ont été «larges» et ont
permis «de connaître l'avis de la classe politique, des personnalités
nationales et de la société civile». Mais il a ajouté que «la démarche reste
ouverte à toute partie qui voudrait encore y apporter sa contribution».
En qualifiant de larges les consultations, le Président s'est inscrit en faux contre les critiques émises par des acteurs politiques, qui y ont vu soit un soliloque du pouvoir avec lui-même, soit une opération de communication qu'il a voulu rendre crédible en impliquant un panel de personnalités nationales, de partis et de représentants de la société civile, qui a été loin d'être représentatif du segment actif et respecté de l'échiquier politique et sociétal. Mais apparemment, il ne veut pas couper les ponts avec les détracteurs de sa démarche n'ayant pas participé aux consultations en question, puisqu'il a décidé qu'il leur est encore possible de faire connaître leurs avis et propositions, avec la promesse que seront prises en considération leurs contributions, « en ayant à l'esprit les principes, les constantes et les intérêts de la nation ». L'intervention du chef de l'Etat est en fait sa réponse indirecte à l'ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, et à la direction du Front des forces socialistes (FFS), qui ont tous deux fait le réquisitoire contre sa démarche en la jugeant, l'un, d'avoir été entachée de l'exclusif, et l'autre, d'être « une opération de diversion ». En maintenant le cap de son processus de réformes politiques, même assorti de la promesse qu'il reste ouvert pour permettre à ses contradicteurs d'y « apporter leurs contributions », Bouteflika doit être tout de même sans illusion sur la probabilité d'une réponse favorable de leur part. Pour la simple raison qu'il leur a fait savoir, en même temps qu'il maintient ouverte la porte des consultations, que les réformes politiques et la révision constitutionnelle se feront néanmoins au timing et dans les conditions arrêtés et déterminés par lui. Autant dire que les lignes de clivage entre lui et ses détracteurs restent tout aussi insurmontables, du moment qu'elles se fondent sur des visions totalement à l'opposé sur la pertinence de ce timing et de ces conditions. L'on voit mal en effet Abdelhamid Mehri et Hocine Aït Ahmed, pour ne citer que les plus emblématiques détracteurs de sa démarche, y adhérer par le seul fait de la relance qu'il a adressée dans son intervention en Conseil des ministres, alors qu'il maintient le cap de sa démarche sans avoir tenu compte de leurs appels à emprunter une autre dont le processus est à débattre entre le pouvoir, la classe politique et la société civile en toute démocratie et sans préalables excluant le point de vue des uns et des autres. En réaffirmant sa détermination à poursuivre dans la voie pour laquelle il a opté en vue de réaliser les réformes politiques, Bouteflika a fait comprendre qu'il infirme le pronostic fait par la direction du Front des forces socialistes (FFS) d'une contrainte pour le pouvoir de négocier avec « l'opposition vraie », au constat du discrédit entourant les consultations ayant été menées par la commission Bensalah et le CNES. Un discrédit qui, apparemment, ne l'inquiète nullement, puisqu'il a décidé de soumettre son projet à référendum populaire. Qu'en somme, ce sera au peuple souverain de trancher entre lui et ses détracteurs. |
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