Les lieux sont identifiés. On les a affublés de boulevard de «Dubaï». Avant
on disait «Le Méridien» mais comme cet établissement hôtelier n'a pas encore
ouvert ses portes, donc on a opté pour une autre appellation. L'identification
signifie la facilité de localisation. Ce qui est facilement vérifiable.
Au courant de la soirée, la circulation est devenue pénible au rond-point
et au croisement, plus haut. Heureusement qu'un service d'ordre est permanent sur
place : il régule la circulation et dissuade ceux tentés par des rodéos avec
leurs engins pour épater la gent féminine. Comparativement à l'an dernier où ce
nouveau lieu de rencontres était pris d'assaut par les jeunes, les couples et
les familles, cette année le «Boulevard Dubaï» s'est
doté d'infrastructures d'accueil ou de commodités pour recevoir le public. En
premier une «kheïma» où l'on sert le thé notamment. Tablant
sur l'aspect traditionnel, cet établissement est équipé de tabourets très bas
et de «meïdas» (tables basses). Elle est décorée avec
des ustensiles traditionnels en poterie. Son aspect, les prestations qu'elle
offre, tranchent avec le reste. Notamment avec le kiosque qui commercialise les
glaces : un kit en matière plastique démontable lui aussi. C'est le premier du
genre remarqué à Oran. Prolongé par quelques tables et des chaises, ce kiosque
n'a rien à envier aux crèmeries qui existent un peu partout en ville. Mais il
n'y a pas que le thé et les glaces qu'on commercialise à cet endroit. Les
enfants semblent les plus ciblés. On leur propose notamment, «la barbe à papa».
Et c'est une jeune fille qui tient l'engin servant à confectionner cette
friandise très prisée par les gosses. On leur propose aussi du maïs. Bref, on a
transféré tous les petits commerces qui se sont installés, il y a un moment
déjà, aux alentours des jardins publics, à cet endroit. Mais les commerces qui
pullulent sont ceux des jouets, d'origine chinoise, lumineux et bon marché et
qui attirent l'intérêt des enfants en bas âge. On relève plusieurs petits étals
de ce type de commerces. Les jeunes garçons ne sont pas du reste puisqu'ils ont
la possibilité de jouer soit au billard soit au baby-foot. On a noté même un
kiosque qui emploie un clown et de la musique pour attirer la curiosité des
badauds. Dans ce désordre, notons l'existence d'un commerce un peu atypique : celui
des produits de l'artisanat tels que les couffins, les bols et autres assiettes
en argile. A l'aide d'abri contre le soleil qu'on trouve notamment à la rue de la Bastille, on a construit
des stands de jeux. Le plus souvent, on établit ces abris à côté d'un poteau
d'éclairage pour bénéficier de la lumière. En somme on bricole ou carrément on
passe outre les règles d'usage. Certains ne se sont pas du tout gênés de «tirer
un fil» d'un poteau pour pouvoir éclairer un établissement mis sur pied sur
place. Ce qui a bousillé, selon un riverain, tout le système de minuterie qui
commandait tout le système d'éclairage de cette esplanade longue de plusieurs
dizaines de mètres. Ce qui risque de causer de sérieux dégâts à l'éclairage
public. Soulignons que tous ceux qui se sont installés sur la partie basse de
cette esplanade ont pu obtenir une autorisation des services de la mairie. On
fréquente cet endroit pour se mettre sur une terrasse de café mais aussi pour
pique-niquer et de nuit. Des familles dînent sur place. On apporte des petits
tabourets ou des petits tapis et on choisit un endroit, de préférence mal
éclairé, pour partager le repas du soir. Cet envahissement s'est traduit par le
massacre de la pelouse. Le gazon verdoyant, il y a quelques semaines, n'existe
plus. Une citoyenne qui emprunte tôt le matin la route reliant Canastel à Essedikia, parlera des
détritus laissés par les visiteurs de la nuit. Signalons que chaque jour que
Dieu fait, le service de nettoiement de l'APC passe
pour entretenir le visage de cette esplanade. «C'est le minimum» nous rétorque
un citoyen détenant un commerce sur ce boulevard. Il notera que depuis la
résiliation du contrat avec une entreprise spécialisée dans l'entretien des
espaces verts, les plantes et les arbres n'ont pas été arrosés. Pour preuve, il
nous montre le gazon devant certains magasins dont les propriétaires se
soucient de la verdure. Mais au-delà de ces remarques, notre interlocuteur
estime que cette esplanade a apporté un plus à une ville manquant terriblement
d'espaces verts et de lieux de sortie. Cependant, il se dit persuadé
que c'est le devoir de la mairie d'imposer des équipements normalisés, tenant
compte des considérations esthétiques et pratiques. Autrement, c'est l'anarchie
totale. Ce qui risque d'arriver avec le mois de carême où les sorties nocturnes
deviennent une sorte de nécessité?