Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader
Messahel, a mis en garde, jeudi dernier, contre «le
danger de la prolifération des armes en provenance de Libye qui représente une
menace pour le peuple libyen et pour les pays de la région». «Il est
aujourd'hui prouvé que des armes en provenance de Libye circulent dans la
région du Sahel alimentant le terrorisme et le crime organisé», alerte-t-il. M.
Messahel qui s'exprimait sur la radio chaîne 3, souligne
que l'Algérie soutient toute initiative visant à «aboutir à un cessez-le-feu et
l'entame du dialogue entre les Libyens dans le cadre de l'Union africaine (UA),
des Nations unies et de la Ligue
arabe». Il se dit favorable à une issue politique entre tous les Libyens sans
exclusive. Et de souligner également un autre phénomène collatéral: «le retour
massif des réfugiés des pays du Sahel qui sont établis en Libye, ce qui
fragilisera davantage cette région». Et d'indiquer que l'Algérie a une position
constante centrée à la fois sur le principe de non ingérence mais aussi sur les
relations de bon voisinage. «L'Algérie apporte son soutien à la feuille de
route de l'Union africaine», poursuit-il. L'Afrique a arrêté une feuille de
route de 4 éléments essentiels : «la nécessité d'aboutir à un cessez-le-feu, la
protection des civiles, l'amorce d'un dialogue et la clarification du rôle de
la communauté internationale», énumère le ministre. Cette feuille de route est
consacrée dans un accord-cadre qui se fixe comme démarche «l'appropriation par
l'Afrique du règlement des conflits régionaux qui secouent le continent noir», précise-t-il.
A la question de savoir quelle démarche adoptera désormais l'Afrique, après le
rejet de sa feuille de route par le CNT libyen, M. Messahel
estime qu'«il n'y a pas eu de rejet catégorique par cette instance de transition
libyenne, mais qu'il y a des éléments de convergence». Il précise qu'«un Comité
ad hoc composé de 5 chefs d'Etat africains s'apprête à expliquer cette feuille
de route visant à sensibiliser les parties en conflit autour de la paix». M. Messahel a évoque également la conférence internationale
prévue les 7 et 8 septembre à Alger, qui sera consacrée à la coopération dans
la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. Cette réunion se fixe comme
objectif de «présenter une stratégie de lutte antiterroriste dans la région du
Sahel», explique-t-il. La réunion abordera trois thèmes : «la lutte
antiterroriste, la coordination contre le crime organisé et la fixation d'une
stratégie pour le développement de la région du sahel», indique-t-il. «La
réunion verra la participation des pays du Sahel (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger)
et leurs partenaires dont l'UE et les Etats-Unis. Y seront également conviés
une délégation des Nations unies, des partenaires et des voisins immédiats à
l'image de la France,
de l'Espagne, de l'Italie, de l'Allemagne, du Canada et des institutions
financières qui sont des bailleurs de fonds», poursuit le ministre. Ces pays du
Sahel directement impliqués dans la lutte contre Al-Qaïda
au Maghreb islamique (Aqmi) avaient
chargé, en mai dernier, l'Algérie de préparer cette rencontre. La conférence
permettra de «renforcer une coopération politique et militaire axée sur le
partage de renseignement mais aussi de clarifier le rôle de chaque pays dans la
lutte contre le terrorisme», souligne M. Messahel. «Il
n'y a pas de pays pilote mais des Etats partenariaux et unis contre un ennemi
commun qui est le terrorisme et le crime organisé», précise-t-il.
Enfin, M. Messahel
souligne qu'il n'y a point de sécurité sans développement du Sahel. «D'où, dit-il,
la nécessité de développer les infrastructures de base
dans cette région». Et de rappeler, dans ce sens, que le Président Bouteflika a accordé un don de 10 millions de dollars au
profit du Mali. «Cet argent servira, explique-t-il, à lancer des projets dans
les secteurs de la formation professionnelle et de la santé». Autre projet, «la
réalisation de la fameuse route transsaharienne longue de plus de 4.000 km, dont il ne reste
à réaliser qu'un petit tronçon de 220 km. Le projet aura d'importantes retombées
tant sur le plan économique que sur le développement», affirme M. Messahel.