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Comme à chaque été, les opérations de circoncision des enfants sont
souvent organisées par des associations caritatives, des entreprises et autres
organismes au profit des familles démunies. Cette action devenue depuis une
vingtaine d'années une tradition est actuellement très redoutée. La direction de
la santé, de la population et de la réforme hospitalière de la wilaya d'Oran
prend les devants en diffusant un large communiqué soulignant les règles à
respecter dans de telles circonstances. Les services sanitaires tiennent à
préciser que «l'acte de circoncision ne peut être pratiqué que par un
chirurgien dans une structure sanitaire publique ou privée réunissant toutes
les conditions de sécurité pour sa réussite». Le corps médical chargé de
réaliser cet acte devrait refuser de le faire s'il ne réunit pas toutes les
conditions de sécurité requises. L'acte de circoncision, à titre individuel ou
dans le cadre d'une campagne collective, est soumis, ajoute-t-on, aux
dispositions réglementaires en vigueur, notamment, l'instruction 06 datée du 5
juin 2006 relative à la prise en charge des circoncisions.
Ces mesures ont été prises suite au drame survenu en 2005 lors d'une campagne de circoncision collective du Khroub qui a entraîné des lésions dangereuses à sept enfants et un handicap permanent à deux autres. Depuis, le nombre des circoncisions collectives est en diminution par rapport aux années précédentes. Toutefois les prix des circoncisons pratiqués au niveau des cliniques privées sont jugés élevés, ce qui pousse les familles nécessiteuses vers les «clandestins». Ces circoncisions se poursuivent malgré les mesures prises par le ministère de la Santé. Dans ce cadre et pour éviter le pire, la DSP d'Oran a organisé jeudi dernier une campagne au profit des enfants issus de familles démunies, au niveau de l'établissement hospitalier spécialisé en gynécologie «Hadj Abed Atika» ex-Gasser à Eckmühl. Une équipe médicale composée de médecins spécialistes et de chirurgiens a été mobilisée à cette occasion. En dépit des mesures prises par les services sanitaires, chaque année et notamment durant le mois de Ramadan, les structures de santé sont assaillies d'enfants victimes de complications de circoncision. En 2009, 45 cas de complications après circoncision ont été recensés à Oran. Les services des urgences de la clinique infantile ont eu à traiter pas moins de 15 cas graves d'altération de l'appareil génital recensés après des opérations de circoncision durant le mois de juillet 2010. Durant l'exercice 2008, le service des urgences médico-chirurgicales a recensé plus de 50 cas d'enfants, dont la moyenne d'âge ne dépasse pas les 2 ans et demi, qui ont été mutilés à vie suite à ces actes. Selon les spécialistes, «c'est lors des campagnes de circoncision collective que ces drames sont le plus souvent enregistrés. Même si le médecin est qualifié, il ne pourra pas procéder à la circoncision de vingt, trente voire plus d'enfants à la fois!», dénoncent les médecins. D'après les spécialistes, ces conséquences ne peuvent être évitées si on continue à effectuer des circoncisions collectives. «La circoncision d'un grand nombre d'enfants à la fois peut se transformer en une série de gestes faits à la chaîne et donc plus risqués que des gestes accomplis à un rythme adapté et qui donnent le temps de travailler en toute tranquillité», préviennent-ils. Ce geste chirurgical, qui n'est pas anodin, peut se faire tranquillement, en dehors de toute pression dans de très bonnes conditions tout au long de l'année, ce qui permet de minimiser au maximum les risques pour nos enfants. |
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