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Les banques publiques «ajustent» leurs salaires face à la concurrence

par Yassine Sakene

Les salariés des banques publiques vont bénéficier d'une hausse des salaires de 32%. Un alignement sur les hausses enregistrées dans d'autres branches d'activités. Mais les banques publiques doivent réfléchir également au moyen de retenir des personnels formés qui migrent vers les banques étrangères. Un début de rattrapage salarial qui ne devrait pas faire l'économie d'un «changement de culture» dans le secteur public bancaire.

Les fiches de paie des employés des banques publiques vont prendre des couleurs au mois de juillet. Une hausse de 20%, soit 10 dinars de plus sur le point indiciaire, sera effective. Le reste de la hausse, soit 6 dinars sur le point indiciaire ou 12% du salaire entrera en vigueur au début de l'année prochaine. Les personnels des banques vont également bénéficier d'une revalorisation de la prime de panier qui passera de 4 000 DA à 5500 DA. Outre l'application de cet accord collectif, chaque banque et établissement financier devra apurer, graduellement, les retards cumulés dans l'avancement à travers le versement des PBI (points de bonifications) qui sont normalement alloués annuellement. D'après certaines sources, des établissements bancaires cumulent parfois des retards d'une douzaine d'années. Les augmentations de salaires devraient être suivies par la mise en application d'un nouveau système de primes. Celui-ci est en cours de finalisation au niveau des l'Association des banques et établissements financiers (ABEF). Selon une source bien informée, le nouveau système va encourager particulièrement les chargés de clientèle. Le nouveau système entend stimuler la performance et aller vers le paiement au mérite pour les agents qui sauront faire fructifier leurs réseaux de clients. Une amélioration globale des salaires adossée au « changement de culture » qui paraît, aux yeux de certains analystes, comme l'unique parade à la migration, massive et réelle, de compétences chèrement formées par les banques publiques. Il s'agit, estime-t-on, de ne pas perdre l'investissement engagé en matière de formation de la ressource humaine. Il faut dire que cela fait des années que le problème de l'hémorragie de cadres dans le secteur bancaire public est posé. L'ABEF a déjà dans le passé mis en garde contre la migration massive, vers les banques étrangères installées en Algérie, des compétences des établissements publics.

Des compétences aspirées par la concurrence

A ce problème s'ajoutait le fait que de nombreux diplômés dont la formation a été financée par les banques publiques ne rejoignaient pas leur poste. Des banques étrangères leurs avançaient l'argent pour « racheter » le prix de la formation. Il est évident que la présence de banques étrangères qui offrent « mieux » ne pouvait qu'aspirer les compétences. Un changement dans la gestion de la ressource humaine et une rétribution de la performance paraissent une réponse évidente.

 A signaler par ailleurs que les banques publiques entament ou finalisent des plans de formations pour l'écrasante majorité des cadres. Il s'agit, indique une source bancaire, de les préparer à faire face aux besoins de plus en plus importants de l'économie nationale. Il est aussi question de compenser les départs en attendant l'arrivée des promotions envoyées dans les écoles spécialisées comme l'Ecole supérieure des banques (ESB) ou l'IFID (Institut de Financement du Développement du Maghreb Arabe) de Tunis.