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Depuis plusieurs mois, les habitants de
Ras El Aïn et plus particulièrement ceux des terrains
Gerbaud, Lebon et Miranda vivent sous un climat de
terreur jamais vécu, dont les auteurs sont des individus qui se permettent tout,
au point où ils imposent leur propre loi.
Plusieurs habitants des lieux témoignent que ces personnes, pourtant issues du quartier, s'adonnent à des actes de violence en semant la terreur surtout à la tombée du jour. Selon nos sources, ce quartier devient désert à partir de 19 h au point où les fidèles ne s'aventurent jamais pour aller faire leur prière d'El Icha ainsi que celle du fajr. Pis encore, certains habitants, de peur d'être agressés et travaillant en dehors du quartier, ont préféré louer des chambres à l'hôtel pour ne rejoindre leurs domiciles familiaux qu'en fin de semaine. Un autre citoyen confie qu'il doit accompagner quotidiennement ses deux enfants qui travaillent à Oran et ce, en aller et retour afin de les escorter, car, dans le cas contraire, ils seraient victimes des agissements des bandits qui, selon notre interlocuteur, ont fait du quartier " un véritable territoire libéré ". Même en étant chez eux, ces mêmes citoyens ne se sentent nullement en sécurité, affirment-ils, étant donné que des familles ont été prises à partie même à l'intérieur de leurs domiciles. " Nous vivons un 'couvre-feu' malgré nous, ce qui vient nous rappeler les restrictions de mouvements imposés à des populations entières durant les années du terrorisme. Ce climat de peur se répercute négativement sur le quartier et l'isole davantage et même durant la journée, des taxis refusent de joindre ce quartier de peur d'être agressés, alors que l'activité commerciale et de services connaît un recul en raison du manque d'approvisionnement. Face à cette situation inquiétante, toutes les tentatives de la population de s'organiser pour mettre fin à ce diktat ont été vaines, de peur que les animateurs ne fassent l'objet de représailles. Du coup, ce sont des citoyens qui n'hésitent pas à faire appel à la force de la loi, même si c'est dans la peur, comme le souligne ce retraité qui croit dur comme fer que ces bandes ne sont pas aussi puissantes qu'elles le sont, mais que leur force réside avant tout dans la passivité des riverains. Concrètement, ils exigent l'implantation d'une sûreté urbaine avec le renforcement des moyens d'intervention et la multiplication des rondes pour mettre fin aux agissements de ces bandits qui ont pu mettre main basse sur tout le quartier. Ils prennent comme exemple la descente effectuée il y a quelques jours à Derb, une opération qui a permis de mettre hors état de nuire plusieurs malfrats. Au plan général, même s'il est admis que les conditions de sécurité ont été sensiblement améliorées, il n'en demeure pas moins que des quartiers chauds sont encore sous l'emprise de bandes organisées et qui usent d'armes blanches de gros calibre pour agresser de paisibles citoyens. Ainsi et pour le quartier de Ras El Aïn, qui, contrairement à ce qui est répandu comme étant infréquentable depuis sa création, était connu jadis par une quiétude exemplaire en raison de l'esprit de solidarité très ancré parmi la population. Cependant, le transfert de plusieurs familles et l'arrivée d'autres populations hétérogènes ont créé ce climat de terreur favorisé par la guerre sans merci que se livrent des bandes rivales qui usent de tous les moyens pour s'imposer. En somme, ces populations doivent subir cette insécurité en plus des conditions de vie précaires, une situation qui réconforte plusieurs thèses selon lesquelles cette partie de la ville, dont le noyau remonte à 1780, demeure jusqu'à nos jours loin d'être intégrée à la ville d'Oran. |
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