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Emploi: Enquête sur les recrutements au Sud

par Yazid Alilat

Les régions du sud du pays, pourtant placées comme priorité des priorités dans le programme quinquennal 2010-2014 avec ses 286 milliards de dollars de financements, suffoquent.

Outre les questions récurrentes de logements, de routes ou d'accès à l'eau, il y a surtout celle du travail qui ronge les villes et villages de ces régions. Les manifestations de protestation, parfois violentes, contre le manque de travail, sinon le clientélisme qui règne dans certaines entreprises pour le recrutement de travailleurs, même à titre saisonnier ou par contrats, ne se comptent plus. La semaine dernière, des jeunes de la ville d'Adrar, où des projets socio-économiques fleurissent, notamment dans le secteur énergétique, ont manifesté leur ras-le-bol devant le manque de visibilité quand à leur avenir. Au mois de mars dernier, à Hassi Messaoud, la ville qui produit la principale richesse du pays, le pétrole, des jeunes ont également manifesté pour protester contre la détérioration de leurs conditions de vie, et l'absence de perspectives d'emplois. Ils ont également dénoncé la gestion de l'agence nationale locale de l'emploi. Deux mois auparavant, le 17 février 2011 plus exactement, ils avaient également manifesté leur colère devant l'absence de travail. Des disfonctionnements assez importants, et parfois graves qui s'accumulent et ont conduit le ministère du Travail à envoyer une équipe dans les wilayas du Sud pour enquêter sur ce phénomène. Selon le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, M. Tayeb Louh, l'inspection du travail effectuera des visites dans les villes du sud du pays pour s'enquérir des mesures de placement des demandeurs d'emploi dans ces régions. Il a souligné jeudi lors d'une séance plénière du Conseil de la Nation, consacrée aux questions orales, qu'un groupe de jeunes chômeurs du sud du pays a été reçu par son département autour des opportunités d'emplois mises en place par les pouvoirs publics. Selon M. Louh, l'inspection du Travail a été chargée d'effectuer des visites sur le terrain au niveau de certaines entreprises au sud du pays pour s'enquérir des mesures en vigueur, en matière de placement des demandeurs d'emplois. Il a également affirmé que le recrutement, dans certaines de ces entreprises, « n'est pas conforme aux mesures prévues par la loi », un recrutement, a-t-il dit, qui se fait « sans recourir à l'Agence nationale de l'emploi ». Le ministre a également souligné devant le Conseil de la Nation que des mesures d'emploi, propres aux régions du Sud, dont la création d'antennes d'emploi en vue de «garantir une plus grande transparence en matière d'octroi de postes d'emploi» sont prévues par son département.

 « Le (ministère) suivra de près, en collaboration avec d'autres secteurs concernés, la question de l'emploi dans le sud du pays », a-t-il encore affirmé, précisant que « sur des informations, des mesures annulées par son département en matière de placement des demandeurs d'emplois sont toujours en vigueur dans certaines entreprises de sous-traitance ». Des mesures pour la facilitation de l'octroi pour les jeunes d'un registre de commerce sont également en cours de discussion avec le ministère du Commerce, a-t-il souligné.

 Pour autant, le grand problème dans les régions du sud du pays, où des entreprises nationales et étrangères travaillent dans l'exploration, la production et le transport des hydrocarbures, reste le recrutement des demandeurs d'emplois locaux.

 Le gros des griefs des jeunes de ces régions est que les offres d'emplois ou les recrutements se font ailleurs, en tout cas pas sur place et pour les demandeurs locaux. L'année dernière, lors de l'installation de la Commission nationale de l'emploi, M. Louh n'avait pas hésité à accuser certaines entreprises nationales de ne pas jouer le jeu. « On parle beaucoup de l'Anem - qui n'est qu'un intermédiaire - et du demandeur d'emploi, mais on oublie l'autre partie de l'équation qui est l'entreprise économique. Pourquoi ces entreprises ne contribuent-elles pas efficacement à la création d'emplois ? » s'était-il interrogé. Il poursuit: « quelles sont leurs difficultés ? Où se situent les lacunes ? Il faut se rapprocher de ces entreprises et voir ce qui ne va pas ». Et, pour finir, il lance que nous ne pouvons pas réussir notre politique de lutte contre le chômage si notre économie n'est pas productrice d'emplois ». Pour le ministre du Travail, il est clair que les entreprises économiques doivent également assumer leur part de responsabilité dans la faiblesse de l'offre d?emplois.

Depuis sa création, l'Anem a placé 454. 976 demandeurs d'emploi, tous dans le secteur économique, en 2010. Quant aux projets réalisés dans le cadre des dispositifs Ansej et Cnac, ils sont passés de 28.836 en 2009 à 35.141 en 2010, alors que les emplois créés par ces dispositifs sont passés de 75.572 emplois directs en 2009 à 75.937 en 2010. Plusieurs mesures en faveur de l'emploi ont été, par ailleurs prises pour les jeunes des régions du sud du pays, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2011.