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El-Bayadh: Le maoussim de Sid Cheikh est de retour

par Hadj Mostefaoui

Bravant la canicule de cet été très chaud, ils sont venus cette année par milliers de tous les coins du pays et même du vieux continent pour assister au célèbre maoussim de Sidi Abdelkader Ben Mohamed, plus connu sous Sid Cheikh, qui se tient chaque année depuis plusieurs siècles. Fête religieuse ancestrale, ce maoussim qui s'est installé pour l'éternité dans les us et coutumes de toute la population locale du sud-ouest du pays, se veut un hommage rendu à la mémoire de cet illustre descendant d'Abou Bakr Essedik, successeur du prophète Mohamed (QSSLL). La fête qui a débuté ce week-end s'étalera sur plus de quatre journées consécutives. Solidement ancré dans les us et coutumes de toute la population du sud-ouest du pays, le maoussim est aussi un lieu de rencontre des 24 tribus de la région qui le célèbreront comme à l'accoutumée avec faste, ferveur et piété dans cette ville aux 7 coupoles sous lesquelles reposent les sépultures des 7 descendants directs du saint patron Sidi Abdelkader Ben Mohamed (1543/1616) de la région des Laghouat-Ksel et dont l'aura a atteint les contrées les plus éloignées et les plus reculées de l'Afrique subsaharienne. Et c'est dans une ambiance festive, ponctuée par une série de cérémonies religieuses tout autour de chacune des 7 koubas, abritant les sépultures des descendants de l'illustre saint Sid Cheikh que se déroule ce maoussim qui remet en selle l'une des pratiques les plus anciennes qui ont marqué l'histoire de cette ville et que même l'acte funeste du général de sinistre mémoire Négrier, qui a dynamité le mausolée, en représailles à l'insurrection de Cheikh Bouamama (1864 à 1881), n'a pu déraciner, ni même le reléguer aux oubliettes

 Qui est Sid Cheikh ? De son vrai nom Sidi Abdelkader Ben Mohamed, dit « El-Kermami », né vers 1543 et décédé en 1616. Il fut, selon d'éminents historiens, un sage érudit et plus tard, à la fin de son adolescence, le disciple de plusieurs maîtres soufis, tels que Sidi Moul S'houl, qui lui inculqua les doctrines du soufisme. Sidi Abdelkader Ben Mohamed, dit Sid Cheikh, accentua au soufisme ses lettres de noblesse. Dès sa tendre enfance, il était prédisposé aux études coraniques, pour lesquelles il dut arpenter à dos de chamelle l'immensité du territoire du pays et s'exiler enfin hors de ses frontières. Son insatiable appétit pour les connaissances humaines et ses surprenantes dispositions dans le recueillement et la piété ont largement contribué à sa notoriété de saint parmi les plus vénérés de son époque. Alors qu'il était aux premières lignes, à la tête de ses troupes venues en renfort pour combattre l'envahisseur espagnol dans la région d'Oran, il fut gravement blessé sous l'aisselle par un sabre lors d'une bataille. Souffrant de ses blessures, il retourna dans sa région natale où il rendit l'âme en 1616. Ce saint et vénérable homme, disciple de la confrérie soufiste, qui désigne le mysticisme de l'Islam avec ses aspects spirituels et ésotériques, a fondé une nouvelle voie, la « Djazoulia », qui s'étend sur tout le Maghreb arabe.

Des troupes folkloriques et des fantasias, cavaleries traditionnelles venues de divers horizons, animent les chauds après-midi sous un soleil de plomb, en donnant un caractère festif à ce maoussim. Les 7 zaouïas ne lésinent pas sur les moyens pour prendre en charge tous les repas de ces milliers de pèlerins venus des contrées lointaines du pays. La journée du vendredi, date de clôture de cette fête populaire, qui constitue aussi le point d'orgue de ce maoussim, a été marquée par la lecture de versets du Saint Coran par de jeunes et vieux talebs, tout autour du « tabout », la tombe du saint Sid Cheikh, et ne s'est s'achevée qu'aux premières lueurs du jour suivant. Rendez-vous est donc pris pour l'année prochaine et à la même période.