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l'appel du Mouvement des jeunes du 20 février, d'importantes manifestations ont
eu lieu dimanche soir dans plusieurs villes du Royaume marocain.
Le Makhzen n'a pas fait dans la dentelle pour tenter de faire avorter ces rassemblements de protestation contre le projet de réformes de façade que le Roi va soumettre à référendum le 1er juillet prochain. Il a non seulement lâché sa police contre les manifestants, mais également organisé des contre-manifestations de soutien au trône et à son projet de réforme constitutionnelle qui ignore la revendication qu'exprime le Mouvement du 20 février, à savoir l'instauration d'une monarchie constitutionnelle dans laquelle le roi règne mais ne gouverne pas. La police du Makhzen a donc violemment réprimé les contestataires du projet royal et, selon des sources fiables, a procédé à de nombreuses interpellations musclées. Ce qui n'a pas pour autant ému grand monde parmi les «défenseurs des droits de l'homme» en France et la presse de ce pays. C'est tout juste si certains médias français ont brièvement évoqué ce qui s'est passé au Maroc ce dimanche soir passé, alors que du côté des «défenseurs des droits de l'homme» de ce même pays, c'est le silence radio absolu. L'on est loin des commentaires stigmatisants de la répression et des déclarations d'indignation dont ces milieux se sont fendus concernant les évènements de même nature qui ont eu pour cadre Alger. Les démonstrations d'opposition qu'anime avec succès le Mouvement des jeunes du 20 février ont battu en brèche la représentation toute louangeuse à l'égard du Royaume marocain que les milieux politico-médiatiques de l'Hexagone vendent à l'opinion internationale. Elles ont apporté la preuve que le Maroc n'est pas cette «exception» que le vent de contestation et de changement qui balaie le reste du Maghreb et du Moyen-Orient ne saurait atteindre, ainsi que l'ont péremptoirement prétendu le Makhzen et ses thuriféraires étrangers stipendiés. Contre l'évidence qu'est le succès populaire au rendez-vous des initiatives du Mouvement des jeunes du 20 février contre le projet de réformes de façade voulu par Mohammed VI, ces mêmes Makhzen et thuriféraires nient l'ampleur de la contestation et s'accrochent à l'illusion que le projet royal fait consensus parmi le peuple marocain, en mettant en avant les contre-manifestations favorables au Roi et à sa démarche, ouvertement organisées et encadrées par les autorités publiques et leurs relais dans la société civile. Ce genre de démonstrations n'a mérité aucun crédit quand elles ont eu lieu au Yémen, en Syrie ou en Libye, au prétexte qu'elles n'étaient que manipulations faites par les pouvoirs en place. La vision à leur égard a subitement changé dès lors que c'est au Maroc qu'elles ont eu lieu. Elle sont alors qualifiées de «spontanées» et exprimant un soutien conscient au monarque et à sa «volonté de réformer graduellement la gouvernance du pays». Ayant été obligés par la force des choses d'admettre le caractère démocratique et pacifique du Mouvement des jeunes du 20 février, les lobbys proches du Palais et du Makhzen marocains instillent insidieusement désormais qu'il serait sous influence des islamistes et de l'extrême gauche. Des parrainages qui justifient évidemment à leurs yeux que les autorités fassent «preuve de fermeté». Il semble que le danger mérite que l'on fasse silence sur la répression qu'elles exercent. Ainsi va le concept de la défense des droits de l'homme quand il est à géométrie variable. |
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